Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/422

Cette page a été validée par deux contributeurs.
418
REVUE DES DEUX MONDES.

compose le budget des dépenses de la Sicile, 900,000 environ se dépensent hors de l’île, et passent à Naples pour acquitter le contingent de la Sicile, dans les dépenses du budget général du royaume des Deux-Siciles.

On m’a assuré en Sicile, mais j’ai peine à le croire en songeant à l’état où j’ai trouvé le centre de l’île, ainsi que le littoral de Catane à Messine, et de Messine à Syracuse ; on m’a assuré, dis-je, qu’en 1810 l’état de l’agriculture était pire encore en Sicile qu’il n’est aujourd’hui, et que la pauvreté des agriculteurs, ainsi que leur condition, rappelaient l’état agricole du royaume de Naples en 1734, quand, au lieu d’être distribué en petites propriétés comme il l’est aujourd’hui que le chiffre des contribuables est de plus d’un million, le territoire napolitain était dans les mains du roi, du clergé, des barons et des villes municipales. En 1810, le territoire sicilien était ainsi partagé ; les routes étaient infectées de bandits, les manufactures en petit nombre ou délaissées, le cabotage dangereux à cause des pirates, et l’échange des produits indigènes rendu difficile par mille règlemens locaux, expression des haines que se portaient entre elles les municipalités.

Il paraît que des améliorations avaient eu lieu depuis jusqu’à ces dernières années où la condition sociale de la population sicilienne semble avoir rétrogradé de nouveau. Il est certain, toutefois, que la laine s’exporte à Malte sans obstacle, que la pression du vin et des olives s’est perfectionnée, que l’extraction du sel et du soufre a augmenté, que des manufactures de soie, de coton, de papier et de crème de tartre, établies par des étrangers, ont employé des capitaux considérables, et que le seul établissement fondé en 1815 à Marzala, par M. Woodhouse, pour le commerce des vins de la Sicile, a répandu une certaine prospérité sur ce point du littoral. En outre, le commerce extérieur embrasse le centre et le midi de l’Europe, ainsi que certaines contrées du nord et du sud de l’Amérique ; le cabotage et les pêcheries emploient nombre de marins, et on n’en peut douter, car une statistique municipale porte en 1835 la marine marchande de la Sicile à 2,058 navires mesurant ensemble 41,800 tonneaux. D’où vient donc la détresse actuelle de la Sicile ? les fautes administratives que je vous ai signalées l’ont-elles seules produite tout entière ? Je ne puis le penser.

Les soufres, cette matière qui vient d’acquérir une si haute importance politique, par les difficultés qui s’élèvent en ce moment entre le gouvernement des Deux-Siciles et l’Angleterre, avaient été, jus-