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REVUE. — CHRONIQUE.

de la partie dépossédée ; il suggère des expédiens et ouvre des voies de conciliation qu’on n’aurait pas aperçus au premier abord.

La querelle entre le roi de Naples et le gouvernement anglais, à l’occasion des soufres de la Sicile, paraît prendre un caractère inattendu de gravité. Le roi de Naples s’obstine, et l’Angleterre, qui n’entend pas raillerie lorsqu’il est question de ses intérêts commerciaux, envoie, dit-on, une escadre dans le golfe de Naples et sur les côtes de la Sicile. Espérons qu’à la vue du pavillon anglais, des troubles intempestifs n’agiteront pas ces pays, que de trop douloureux souvenirs et de vaines espérances ne pousseront pas les Siciliens à quelque imprudente tentative. Ces peuples n’oublieront pas la sanglante et odieuse catastrophe de 1799, le sort de la Sicile en 1815 et celui de Gênes.

Le ministère anglais, sur la question de la Chine, n’a obtenu qu’une majorité de 10 voix. Cette faible majorité ne l’a point ébranlé. C’est que le temps des grandes majorités est passé, en Angleterre comme en France, par des raisons trop longues à déduire ici, mais qui n’échapperont pas à ceux qui ont réfléchi sur l’esprit et les tendances démocratiques de la chambre des communes et de notre chambre des députés.


P. S. La chambre des pairs a été aujourd’hui le théâtre d’une grande et belle discussion. Le temps nous manque pour en parler avec quelque détail. Disons seulement que M. le président du conseil y a déployé, avec un rare bonheur, toutes les ressources de son esprit ; le succès a été pour le moins égal au succès si brillant qu’il avait obtenu à la chambre des députés. La chambre des pairs, malgré ses habitudes dignes et silencieuses, lui a donné des témoignages irrécusables d’assentiment et d’approbation.

M. Thiers a confirmé toutes nos prévisions sur la marche que le ministère se propose de suivre.

Aussi ne voulons-nous rappeler ici qu’un seul point. En parlant des employés et fonctionnaires publics, M. le président du conseil a noblement déclaré que nul n’avait à craindre ni ressentiment, ni destitution, ni vengeance, pour tous les faits politiques antérieurs à l’avénement du 1er  mars. Ceux-là seulement qui, méconnaissant l’esprit de l’administration actuelle, ne garderaient leurs places que pour la contrecarrer et lui refuser leur concours, devraient s’attendre à des mesures qui sont, pour tout gouvernement qui se respecte, un devoir rigoureux et un droit nécessaire.


— Depuis long temps nous regrettions de ne pouvoir donner aux sciences la place qui leur était marquée dans cette Revue. Nous sommes heureux d’avoir pu entrer dans une voie nouvelle, grace à l’intervention d’un homme que ses connaissances spéciales et l’indépendance de son caractère rendaient éminemment propre à remplir cette tâche. Dans une première lettre que nous avons publiée, on a dû commencer par l’Institut l’examen de l’état des sciences en France. M. Arago, qui occupe une place si considérable parmi nos