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léon à abdiquer, sans s’expliquer sur la réserve faite par lui en faveur de son fils.

On la revoit bientôt alliée avec Louis XVIII et Charles X, parce que leurs principes de gouvernement étaient hostiles à ceux de la majorité de la France.

Elle se réunit plus étroitement que jamais contre la France, en 1830, et ne tarde pas, cependant, à se montrer satisfaite du ministère de Casimir Périer. Ensuite elle fait des vœux pour le maintien du cabinet du 6 septembre, et accompagne de ses regrets la retraite du ministère du 15 avril.

Et, aujourd’hui, par un autre genre de sollicitude pour la paix générale, l’Europe monarchique considérant la nature des débats politiques qui ont eu lieu en France depuis un an, débats où se trouvait étrangement mêlé le nom d’un souverain en qui elle a justement placé sa confiance, l’Europe voit d’un œil favorable l’établissement d’un ministère dont la seule venue termine ces dangereuses discussions. Qu’il nous soit donc permis de regarder, avec l’Europe, comme un fait heureux, la disparition du nom du roi si long-temps mêlé aux débats politiques, ainsi que l’introduction de ministres capables et spéciaux dans les principaux départemens de l’administration.

L’Europe absolue n’aime évidemment ni la révolution de juillet, ni quelque révolution libérale que ce soit ; mais dans son éloignement pour ce grand fait qu’elle peut affaiblir et non détruire, et avec lequel il faut composer depuis qu’il est devenu un des élémens de l’association européenne, elle montre une sorte d’impartialité qu’on n’a souvent pas en France. Il est vrai qu’il ne se trouve dans les cabinets européens personne qui aspire à un des portefeuilles, et une situation à peu près désintéressée amène d’ordinaire un jugement calme. C’est ainsi, nous croyons pouvoir l’affirmer, que le ministère a reçu de plusieurs cabinets étrangers quelques communications qui exciteraient beaucoup de surprise parmi les esprits un peu exagérés du côté droit, surtout parmi ceux qui s’attendaient à voir l’Europe mettre ses armées au complet pour parer au grand évènement du 1er mars. À la vue de la marche imprudente du dernier ministère, le cabinet autrichien, nous le savons, avait jugé le moment favorable pour saper à Paris et à Londres les bases de l’alliance anglo-française, et M. de Metternich n’avait été que trop bien secondé, à Paris surtout, par le représentant de l’Autriche. On pouvait donc croire que la présence au département des affaires étrangères, et l’avènement à la présidence du conseil, d’un ministre qui avait hautement dé-