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de comédiens à leurs ordres. Dans cette nouvelle position, les travaux d’une représentation d’essai, souvent sans résultats, eussent été pour les poètes une obligation trop onéreuse. À partir donc de la révolution d’où sortit la comédie nouvelle, la mise à l’étude suivit, comme de nos jours, la réception des pièces et cessa de la précéder.

Au reste, on peut se faire une idée exacte et complète d’une répétition générale, en jetant les yeux sur une peinture à trois compartimens découverte dans les ruines de Pompéi et publiée dans le Museo Borbonico[1]. Cette belle composition représente, dans le compartiment du milieu, une scène comique jouée par deux acteurs masqués, dont l’un semble un soldat fanfaron et l’autre un esclave railleur. Sur le second plan, trois autres acteurs, qui n’ont pas encore leur masque, se tiennent attentifs et debout, comme attendant la réplique et guettant le moment de leur entrée en scène. Dans les compartimens latéraux sont assis deux personnages d’un âge mûr, tenant chacun à la main le bâton droit (ἄρεσκος), qui était l’attribut des comiques[2]. Celui de ces vieillards qui, les yeux baissés, écoute attentivement les acteurs, me paraît être le poète ; l’autre, dont le regard surveille tout ce qui se passe sur la scène, me semble être l’ὑποβολεὺς ou le designator scenarum. La place que ces deux personnages occupent et leur costume me confirment dans la pensée que cette peinture nous offre l’image d’une répétition et non d’une représentation. En effet, si c’était ici une représentation solennelle, le poète ne serait pas assis sur le côté du théâtre ; il serait debout sur le thymélé, et son front porterait la couronne, parure indispensable dans ces grandes et religieuses cérémonies.

À présent que la pièce est apprise, il n’y a plus à s’occuper que d’une chose, moins difficile chez les anciens que chez nous, c’est-à-dire de remplir la salle. Il nous reste à chercher (et nous le ferons si on ne se lasse pas de nous suivre) quels étaient dans l’antiquité les moyens d’annonce théâtrale, et comment s’opéraient l’entrée et le placement des spectateurs.

Charles Magnin.
  1. Museo Borbonico, tom. IV, tav. XVIII.
  2. Poll., lib. IV, § 120. — Le bâton droit différait du pedum ou bâton courbé, λαγωβόλον, que les paysans portaient sur la scène (Voy. Poll., ibid.). — Plusieurs pierres gravées nous montrent des poètes comiques appuyés sur le bâton droit. Ficoron., Le masch. scen., tav. LXXVI.