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LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

n’en donne qu’une. Cultivée d’abord au Brésil, elle passa ensuite à la Havane, et de là à la Louisiane, où quelques colons français eurent le bon esprit de la répandre. Maintenant, tous les bords du Mississipi, au-dessous de la Nouvelle-Orléans, sont couverts d’immenses champs de cannes dont le produit déjà fort élevé s’accroît chaque jour. J’ai vu, du côté de Brazoria, des cannes qui atteignaient de dix à douze pieds, et dont les anneaux étaient déjà mûrs, au mois d’août, jusqu’à la hauteur de sept.

Le maïs réussit parfaitement au Texas ; quant au blé, une expérience faite dans les environs de San-Antonio de Bejar, il y a quelques années, a constaté que les prairies élevées qui entourent cette ville sont très propres à cette précieuse culture.

Je dirai enfin, pour terminer cet aperçu des richesses végétales du Texas, que la culture du mûrier et du tabac, que la production de la cochenille et de l’indigo ont été essayées avec succès, et peuvent être poursuivies sur une grande échelle avec la plus complète certitude d’en tirer un profit considérable.

La constitution géologique du Texas offre au colon d’admirables facilités pour l’éducation du bétail ; ses prairies sont, pendant dix mois, couvertes d’une herbe verdoyante, et, pendant les deux autres mois, celle qui s’est desséchée à l’époque de la saison froide est encore un fourrage excellent qu’on pourrait économiser si l’on en sentait le besoin ; mais tous les bois sont tapissés d’un épais gazon qui reste toujours vert, et qui fournit au bétail la meilleure nourriture.

Cette heureuse réunion de circonstances est, pour le Texas, une source toujours sûre de richesses. Il n’est pas rare d’y rencontrer déjà des colons qui possèdent jusqu’à 1,500 et 2,000 têtes de bétail, pour l’éducation desquels ils n’ont pas pris la moindre peine. Tous ces animaux sont en liberté ; chacun marque à son chiffre ceux qui lui appartiennent et ne s’en occupe plus ; l’été, ils paissent dans la prairie ; l’hiver, ils savent bien trouver d’eux-mêmes l’herbe fraîche et succulente des bottoms[1].

Ce que je viens de dire du bétail s’applique nécessairement aux chevaux. Les Texiens apprécient tous les avantages que leur offre la prairie sous ce rapport, et, désireux d’en profiter, ils instituent des courses de tous les côtés. Outre les courses entre particuliers, que la moindre réunion de planteurs amène toujours, il y a des courses

  1. On désigne ainsi les lieux boisés qui longent les cours d’eau et où l’herbe reste verte pendant toute l’année.