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furent-elles abolies. On ne tint plus aucun compte des conditions imposées par la législation mexicaine pour la colonisation du territoire, pour le commerce avec les Indiens, pour l’esclavage, etc. ; les Texiens, sans aspirer encore à une complète indépendance, prirent-au moins la résolution de ne plus souffrir de soldats étrangers parmi eux, et de dérober le plus possible le maniement de leurs affaires à toute autorité qui n’émanerait pas de leur libre choix.

C’était, comme on l’a vu, au nom du principe fédéraliste et contre l’administration de Bustamente que les colons anglo-américains avaient pris les armes ; ils avaient adhéré sans hésitation au plan de la Vera-Cruz, et s’étaient rangés sous le drapeau de Santa-Anna, au moment même où l’un de ses adversaires, le général Teran, annonçait qu’il allait combattre l’insurrection du Texas. Santa-Anna néanmoins, soupçonnant les secrets mobiles qui faisaient agir les Texiens, et loin de s’en fier à des apparences qui lui étaient si favorables, crut devoir essayer de rétablir dans cette province l’autorité légitime de la république, et y envoya une petite expédition de quatre cents hommes, sous les ordres du colonel Mexia. Peut-être aussi les évènemens du Texas n’étaient-ils pas bien connus à la Vera-Cruz. Quoi qu’il en soit, Mexia partit de Matamoras avec cinq navires, le 14 juillet 1832, et arriva le 16 à l’embouchure du Brazos. Il était accompagné du général Stephen Austin, représentant du Texas au congrès de Cohahuila. La flottille ayant jeté l’ancre, Mexia se mit en communication avec un des alcades de cette partie du pays, John Austin, pour lui faire connaître les motifs de sa venue. La réponse ne se fit pas attendre. On y exposait ce qui s’était passé dans la province depuis quelque temps, et les causes du dernier soulèvement. Le général mexicain crut alors pouvoir débarquer, et se rendit à Brazoria, où il fut bien accueilli par la population. On chercha, par toute sorte de moyens, à le rassurer sur les dispositions des colons anglo-américains, et une assemblée générale, convoquée à San-Felipe de Austin, par l’alcade de cette ville naissante, y adopta le 27 juillet une déclaration qui avait pour but de désavouer toute intention hostile à la république mexicaine. Ce document contient quelques détails sur les actes arbitraires du colonel Davis Bradburn, commandant-de la place d’Anahuac, du commandant de Nacogdoches, Jose de Las Piedras, et de leur chef, le général Teran, qui les avait approuvés malgré l’opposition et les remontrances du gouvernement de l’état. Mais ce qu’on doit y remarquer le plus, c’est l’affectation avec laquelle les colons rattachent la récente prise d’armes à l’entre-