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REVUE. — CHRONIQUE.

ni La Mennais, ni Béranger, ni Alfred de Vigny, ni Mérimée ne se mettent sur les rangs, le fauteuil de M. Lemercier appartient de droit à M. Hugo. Cette candidature est la seule qui nous semble vraiment légitime, vraiment digne d’être soutenue, et, sans nous soucier des commentaires que ne manqueront pas de faire les disciples et les hérauts de M. Hugo, nous proclamons franchement notre sympathie littéraire pour l’auteur des Feuilles d’Automne. Nous demandons que l’Académie lui ouvre ses portes, parce que la justice nous ordonne de le demander ; nous exprimons notre conviction et nous gardons notre droit de contrôle.


— La séance publique qu’a tenue jeudi l’Académie française ne saurait guère être caractérisée, comme la plupart des réunions de ce genre, que par sa pompeuse insignifiance. Fidèle à ses anciennes traditions, l’Académie se réunissait pour couronner des amplifications sans portée littéraire, et pour proposer de nouveaux sujets aux débutans empressés de s’illustrer dans la littérature panégyrique. Il s’agissait aussi de décerner les prix Monthyon, et le succès larmoyant qui accueille ordinairement cette partie de la solennité devait concourir, avec la lecture du morceau couronné, à répandre quelque intérêt sur la séance. Tous ces moyens d’émotion n’ont pu réussir malheureusement à triompher de l’ennui de l’auditoire. Le rapport de M. Villemain, sur le prix de 10,000 fr. accordé aux Récits mérovingiens, de M. Augustin Thierry, a seul excité des applaudissemens vifs et sincères. Il y avait, dans la sympathique émotion qui a accueilli ce rapport, une sorte de leçon pour l’Académie, qui cette fois avait dignement compris sa mission. Pourquoi l’Académie ne tiendrait-elle pas compte d’un conseil exprimé sous une forme si bienveillante ? Elle peut encore, nous le croyons, exercer une haute et salutaire influence ; mais il faut qu’elle rompe avec des traditions puériles, avec de fâcheuses tendances ; il faut qu’elle entre résolument dans une voie nouvelle. Depuis long-temps la question est pendante ; espérons que l’Académie saura enfin la résoudre, en préférant les sympathies du public à ses vieilles coutumes.


— Nous devons signaler à l’attention de toutes les personnes qui s’intéressent à l’histoire des arts, la première partie d’une nouvelle publication de M. Raoul-Rochette, intitulée : Lettres archéologiques sur la peinture des Grecs, ouvrage destiné à servir de supplément aux Peintures antiques du même auteur. Ces lettres, adressées par le secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts à MM. Hermann, Boeckh et Welcher, sont une nouvelle pièce à consulter, et, nous le croyons, une des plus concluantes, pour la solution d’une importante controverse, qui divise depuis plusieurs années les principaux antiquaires français et étrangers. Il s’agit de savoir quel fut en Grèce, particulièrement