Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/1045

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 juin 1840.


La nouvelle situation des partis se dessine tous les jours plus nettement dans la chambre et dans la presse. Cette partie de la gauche qu’on désignait sous le nom d’opposition constitutionnelle, est coupée en deux sections, la gauche indépendante, qui n’a pas encore de chef, et la gauche ralliée sous la conduite de M. Odilon Barrot.

Ce fait important paraît irrévocablement accompli. Les incidens suscités par la translation des restes mortels de l’empereur, incidens qu’il serait fort inutile de rappeler à nos lecteurs, ont achevé la rupture, et par cela même raffermi l’alliance de la gauche Barrot avec le parti gouvernemental.

Aussi l’honorable député se trouve-t-il aujourd’hui dans une situation fort nouvelle pour lui. Aux éloges unanimes de la gauche ont succédé de violentes attaques. On donne à M. Barrot un vif avant-goût des douceurs réservés aux hommes du pouvoir. On met déjà à de rudes épreuves son impassibilité d’homme politique.

La presse de la gauche ralliée a pris la défense du chef du parti avec une fidélité et une énergie qui l’honorent. La lutte est vive entre ces journaux qui, à des degrés divers, combattaient tous, il y a peu de jours, pour l’opposition. La mêlée est d’autant plus animée, que le défenseur de M. Barrot a dû en même temps se défendre lui-même. Ce double rôle n’est peut-être pas sans quelque embarras. On peut reconnaître aujourd’hui que les évolutions politiques sous le feu de l’ennemi sont aussi difficiles et aussi périlleuses que les évolutions militaires. Nous n’applaudissons pas moins au courage qui les inspire et les honore. Mieux vaut affronter hardiment le danger et recevoir quelques blessures, que de s’obstiner dans une position intenable et sans issue.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons louer sans réserve et expliquer sans em-