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L’AFGHANISTAN. — MŒURS DES AFGHANS.

sud n’a été étudiée que vers son extrémité ouest dans ces dernières années par Burnes, qui en a mesuré et franchi les passes principales. Le fleuve ou rivière de Kaboul coule au pied de l’Hindou-Koh et reçoit ses affluens en partie des montagnes avancées au sud et à l’ouest, en partie de la terrasse de Kaboul, en partie enfin de l’Hindou-Koush même. La petite rivière qui passe par la ville de Kaboul est le plus insignifiant de ces affluens, mais donne cependant son nom au cours principal. À quatre journées de marche, à l’ouest de Kaboul, on trouve le village de Sir-Tchaschma (sir, tête ; tchaschma, source) ; c’est là que la rivière prend sa source, et non loin de là s’élève la première rangée de montagnes que l’on passe à la hauteur de 3,350 mètres environ. C’est le commencement d’une chaîne dépendante de l’Hindou-Koush, connue sous le nom de Koh-é-Baba, et qui s’étend vers le S.-O. entre Kaboul et Bâmiân. L’élévation des sources donne une grande rapidité à la rivière de Kaboul et à tous ses affluens. Les montagnes opposées à l’Hindou-Koush, au sud de la rivière, se nomment monts Tira ou Khaybers. Il faut les traverser pour se rendre de Peshaver à Kaboul. La passe de Khayber, longue de 25 milles, est, pour les provinces du Haut-Indus, ce que la passe du Bolan est pour les provinces du Sindh. L’une et l’autre peuvent être défendues par une poignée d’hommes résolus contre les efforts de toute une armée. Nader-Shâh fut arrêté plus d’un mois et demi devant la passe de Khayber, et craignant de ne pouvoir la forcer sans y perdre une grande partie de son armée, les Khayberiens lui ayant déjà tué et blessé beaucoup de monde, il négocia avec eux et obtint le passage moyennant une somme convenue, se mettant ainsi aux lieu et place des empereurs moghols qui allouaient à ces dévaliseurs de caravanes une certaine redevance annuelle. Cette redevance, au temps de l’invasion de Nader-Shâh, n’avait pas été payée depuis cinq ans. Shâh-Shoudjâ, lors de son avènement au trône, avait passé une sorte de traité avec les Khayberiens en vertu duquel, moyennant 60,000 roupies qui leur étaient alloués par an, ils répondaient du libre passage des hommes et des marchandises. C’était une sorte de prime d’assurance à laquelle Shâh-Soudjâ aura désormais le pouvoir de se soustraire, les Anglais, ses protecteurs, étant maîtres de la passe. On a vu, dans la première partie de ce travail, qu’une des divisions de l’expédition d’Afghanistan, composée d’un détachement de troupes du Bengale et d’un corps sikh, sous le commandement du colonel Wade, avait marché par la passe de Khayber, défendue par un fils de Dost-Mohammed, mais abandonnée par lui lors de la marche de sir J. Keane de