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LES SCIENCES EN FRANCE.

de l’auteur qu’à la gloire du corps dont il fait partie, et il faudrait qu’avant de livrer le résultat de ses recherches au public, chaque auteur, dans un mémoire détaillé, rendît compte de ses travaux à l’Académie. On enrichirait ainsi toujours les volumes académiques, et l’on ne laisserait guère à la science secondaire les moyens de s’introduire à l’Institut, ni d’absorber par la correspondance un temps si considérable.

Après vous avoir parlé rapidement des savans les plus célèbres que réunit dans son sein l’Académie des sciences, de leur influence sur le public, et de l’action que le public exerce sur eux, il me resterait à vous entretenir, monsieur, des rapports de cette Académie avec les autres classes de l’Institut et avec le gouvernement, des relations qu’elle a établies dans toutes les parties de l’Europe à l’aide de ses correspondans, à l’aide surtout de ses huit associés étrangers, pris parmi ce que la science a de plus éminent. Mais, sous cet aspect, ce n’est plus l’Académie des sciences seulement qu’il faut considérer, c’est l’Institut tout entier qui jouit des mêmes attributions, qui exerce la même influence, et qui a su se rattacher tous les talens de l’Europe. Je vous demanderai donc la permission de renvoyer à une autre occasion l’examen de tout ce qui se rapporte à l’organisation générale de l’Institut, à l’action qu’il exerce comme corps unique, et je terminerai cette lettre par quelques remarques dont j’espère que vous reconnaîtrez l’opportunité.

J’ai dit en commençant que je me voyais à regret exposé à froisser l’amour-propre de quelques savans illustres dont j’admire sincèrement le talent ; car le jugement que j’ai dû porter sur des hommes d’un mérite si éminent a pu, je le crains, les irriter contre cet inconnu qui malgré lui, était forcé parfois de mêler la critique à l’éloge. Mais ce qu’il y a de plus singulier dans ma position, c’est que peut-être cette lettre est destinée à exciter encore plus de ressentiment chez les personnes dont je partage et défends les opinions que chez les hommes dont j’ai dû combattre les tendances. Cela tient surtout à l’abus que l’on a fait quelquefois de la publicité à l’Académie, abus par suite duquel les savans qui ont eu à s’en plaindre ont conçu la plus vive aversion contre toute intervention de la presse dans les affaires de l’Institut. Cette aversion, qui est peut-être exagérée, ne tend à rien moins cependant qu’à les livrer sans défense à leurs adversaires. Si tout le monde s’imposait la même réserve, on conçoit les scrupules qui pourraient arrêter quiconque serait tenté de faire un appel à la publicité ; mais reconnaître