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et qui compte 500 habitans ; Zavala, sur le Naches ; Anahuac, qui n’était guère jusqu’en 1835 qu’un poste militaire, et les villes naissantes de Cincinnati et de Liberty, où les maisons ne sont pas encore nombreuses.

L’île de Galveston, dont il me reste à parler, n’est autre chose qu’une barre de sable qui ferme la baie assez profonde dans laquelle se déchargent le Rio-Trinidad et le San-Jacinto. On verra, en jetant les yeux sur une carte du Mexique, combien elle présente d’analogie avec toutes les langues de terre qui bordent le golfe, à partir de la lagune de Tamiagua, un peu au-dessus de Tuxpan, et qui vont se prolongeant jusqu’à l’extrémité orientale de la côte du Texas. C’est surtout après avoir dépassé l’embouchure du Rio-Bravo del Norte qu’on remarque tout le long du littoral, entre la terre ferme et la mer, ces bandes de sable très minces qui suivent la courbure du golfe, les unes attachées au continent par un isthme, les autres entièrement isolées et coupées de distance en distance par des passes généralement dangereuses. Une de ces bandes forme la baie de Matagorda. Il est aisé de voir, à leur disposition, qu’elles doivent toutes leur naissance à une cause identique, que je crois être l’action de l’énorme courant atlantique, connu sous le nom de gulf-stream, combinée avec les attérissemens des fleuves qui traversent le Texas. L’île de Galveston a de 30 à 35 milles de long sur trois de large dans sa plus grande largeur. Elle est très basse et ne présente nulle part plus de 12 mètres d’élévation au-dessus de l’Océan. De hautes graminées, entremêlées de quelques mimosas rabougris, dans les lieux les plus arides, couvrent presque toute sa surface. Du côté du nord, on trouve des trachinotia, des soudes et autres plantes des bords de la mer. On y voit aussi, mais en petit nombre, quelques cactus opuntia de taille peu élevée. De ce même côté, le rivage se prolonge en pente douce, au loin dans la mer, et rend le mouillage près de terre absolument impossible. Au sud, c’est une ceinture de dunes qui borde l’île. J’y ai remarqué une immense quantité de fort belles coquilles et de gros troncs d’arbres mêlés à ces débris marins.

Tout prouve que l’île de Galveston est de formation très récente. Je l’ai parcourue avec attention, et je n’ai pu y découvrir la moindre trace d’une couche minérale solide. Partout c’est du sable, ou une couche très mince de terreau noir, produit des générations successives de graminées qui sont mortes à sa surface. L’eau douce y est très rare ; on n’en trouve que sur quelques points où le terrain déprimé a conservé de l’eau de pluie, et on ne connaît pas un seul cours d’eau