Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/623

Cette page a été validée par deux contributeurs.
619
LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

loin de Béjar et aujourd’hui abandonnées, que de grandes constructions désertes, qui se composaient d’une église et d’une forteresse.

Plusieurs petites bourgades, situées entre le San-Antonio et le Rio de las Nueces, que je considère, jusqu’à nouvel ordre, comme la limite occidentale de la république texienne, ont beaucoup souffert de la guerre de 1836. Elles se relèvent, mais n’ont pas encore d’importance ; ce sont les hommes qui manquent à la terre.

Je dépasserais les bornes naturelles de ce travail, si, laissant derrière moi le Nueces, je pénétrais sur le territoire de la république mexicaine jusqu’aux bords du Rio-Grande ou Rio-Bravo del Norte, le plus grand fleuve de tout le Mexique, par où l’on peut remonter jusqu’au centre de la Sierra-Verde à Santa-Fé, et qui donne accès par le San-Pablo dans l’intérieur de l’état de Chihuahua. Cependant je ne ferais que suivre les progrès de l’armée texienne, qui, d’après les dernières nouvelles, a refoulé les Mexicains sur la rive droite du Rio-Bravo, s’est emparée de Mier et paraît se diriger sur Monclova, ancienne capitale de l’état de Cohahuila y Texas. Quand le gouvernement de Mexico, renonçant à des illusions ridicules, consentira enfin à reconnaître l’indépendance du Texas et à faire la paix avec cette république, ne sera-t-il point forcé de lui abandonner le territoire qui s’étend du Nueces au Rio-Bravo, et de partager avec elle la souveraineté d’une portion du cours de ce fleuve, qui est pour elle de la plus haute importance ? Les évènemens en décideront. Il me suffit d’avoir indiqué un pareil résultat comme possible et même comme probable. Maintenant revenons un instant sur nos pas, afin de compléter cette description du Texas par quelques mots sur la partie orientale du pays et sur l’île de Galveston. Les bassins de la Sabine, du Rio-Trinidad et du Naches ne manquent pas d’importance à cause de la proximité des États-Unis et de la facilité des relations avec la Nouvelle-Orléans. La Sabine est navigable en toute saison pour les bateaux à vapeur d’un faible tirant d’eau, jusqu’à 70 ou 80 milles au-dessus de son embouchure, et, en juillet 1838, un steamboat a remonté le Rio-Trinidad jusqu’à 400 milles de la mer sans rencontrer d’obstacles, malgré la barre de l’entrée du fleuve, qu’on s’occupait alors de faire disparaître. Il y a donc lieu de croire que cette région participera bientôt aux rapides progrès du reste du Texas, d’autant plus que la terre y est excellente. Déjà il s’y est formé plusieurs centres de population : Jefferson, sur le Cow-Creak, affluent de la Sabine ; San-Augustine, dans la zône des red lands ; Nacogdoches, ville mexicaine, fondée au commencement du siècle dernier,