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L’INDUS. — LE SINDH.

visité par Moorcroft en 1812, l’autre du lac Nobra-Soh, situé à environ quatorze jours de marche de Léh capitale de Ladack[1], vers Yarkend. Ces deux grandes branches se joignent à quelques milles seulement au-dessus de la vallée d’Iskardoh, explorée par d’autres voyageurs anglais, MM. Vigne et Hamilton, en 1835 et 1837. Elles présentent à peu près le même volume d’eau. Ce qu’il y a de certain, c’est que le cours supérieur de l’Indus commence dans la haute chaîne Himalaya, derrière le Kaïlasa, passant de Ghertope à Léh. De là, descendant sous le nom de San Pou (c’est-à-dire le grand fleuve), le cours de l’Indus n’a été constaté par des témoins oculaires que dans la portion qui longe la route de Léh à Kashmir, au travers du petit Thibet ou Baltistan. Après sa réunion avec son affluent du nord, le Shayouk, il poursuit sa course solitaire sur un espace d’environ 200 milles, pénétrant l’immense barrière du Caucase indien (Hindou Koush), recevant à Mallaï les eaux de l’Abba Sine, et environ 100 milles plus bas (par 33° 15′ L. N.) la rivière de Kaboul, le plus important de ses affluens à l’occident ; il passe à Attock, et bientôt après se fraie, par un étroit passage, une route au travers des embranchemens de la chaîne des monts Soliman.

C’est à partir d’Attock, et après sa jonction avec la rivière de Kaboul, que l’Indus appartient réellement à l’Hindoustan. Son lit, étendu naguère sur un vaste plateau, se resserre à une largeur de moins de 300 mètres. Sa profondeur et la vitesse de son courant augmentent en proportion. Pendant la saison des hautes eaux, le fleuve, sous les murs de la forteresse d’Attock, est profond de 35 à 40 pieds. Ce point, tant à cause de son importance réelle qu’à cause des souvenirs historiques qui s’y rattachent, mérite que nous nous y arrêtions quelques instans.

Le district d’Attock fait partie du Pandjâb, et est au pouvoir des Sikhs depuis 1813. Randjit-Singh avait rassemblé immédiatement au-dessous de la forteresse une quarantaine de bateaux à l’aide desquels il pouvait jeter un pont en quelques jours pour le passage de son armée. Dans la saison des basses eaux, c’est-à-dire de novembre à avril, vingt-quatre de ces bateaux, mouillés à de petits intervalles (le fleuve n’étant large à cet endroit que d’environ 250 mètres), suf-

  1. Léh est, selon les voyageurs les plus récens, le nom véritable de la ville principale du petit Thibet, et Ladack est le nom de la province dont cette ville est le chef-lieu immédiat. Léh est située sur un plateau d’une élévation à peu près égale à celle du mont Blanc.