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LITTÉRAIRE.

Il est fort question depuis quelque temps des comédies qu’on ne joue pas, et même de celles qu’on joue à peine. Les feuilletons spirituels abondent ; on livre des combats pour et contre ; on en cause partout durant huit jours : ce sont des succès qui rappellent les beaux salons littéraires dans leurs plus élégans loisirs. La pièce de M. Walewski, qui a fait tant de bruit hors de la scène et tant de chuchoteries dans la salle, vient de paraître avec préface et dédicace. Nous venons de la lire à tête reposée, et de tâcher de nous former un avis sur cette œuvre controversée, qui résume l’observation de plusieurs années que l’auteur a données au mouvement du monde. Mais, dès le premier mot à dire, nous nous sentons arrêtés par un scrupule. Sommes-nous, ou non, des critiques bien placés pour juger de la pièce ? Prenons garde de ressembler à notre tour à ceux qui ont voulu décider en des matières où ils n’étaient pas tout-à-fait compétens. Ce sont là les termes que l’auteur de la comédie sème à chaque page de cette préface, qui vient bien après une dédicace à Victor Hugo ; car elle est cavalière et de cette école autocratique, avec un certain parfum singulier d’auteur de qualité et d’homme du monde qui veut bien condescendre aux lettres. Qu’est-ce à dire que tout cela ? M. Walewski est un excellent gentilhomme qui, pour faire dans le monde un personnage plus considérable, a acquis un journal et l’a dirigé ; qui, pour compléter et rehausser encore ce rôle à demi littéraire, a songé à la scène française, et s’y est risqué. M. Walewski est dans le cas de nous tous, journalistes et littérateurs par goût, par convenances (qu’il le sache bien, car en bonne compagnie les nécessités même s’appellent des convenances), littérateurs à nos momens perdus