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AFFAIRES DE L’AFAGHANISTAN.

ment anglais pour lui. Les officiers anglais des troupes du shah furent ensuite admis à présenter leurs nazzers, et enfin ceux de ses propres sujets qui avaient droit à cette distinction. Le défilé des troupes en grande tenue termina la cérémonie. Le roi présenta à sir John Keane un sabre magnifique, et exprima l’intention d’offrir un gage de sa reconnaissance à chaque officier présent, et le soir même un ordre du jour, d’après le commandement exprès de sa gracieuse majesté, exprimait aux généraux, officiers, sous-officiers et soldats présens dans cette occasion mémorable, la profonde reconnaissance de sa majesté pour les grandes obligations qu’elle leur avait, ainsi qu’à la nation anglaise en général.

L’armée anglaise, après s’être reposée à Kandahar de ses immenses fatigues, se remit en marche du 27 au 30 juin ; mais, bien que la distance de Kandahar à Ghizni ne soit que de cent soixante milles, bien que la route soit presque droite et en général assez belle, l’insuffisance des moyens de transport, d’autres causes matérielles de retard, et les précautions indispensables à la sûreté de l’armée en avançant dans le pays, ne permirent pas d’atteindre les environs de cette place avant le 21 juillet. Dans la matinée de ce jour, l’armée marcha en trois colonnes, cavalerie, artillerie et infanterie, sur Ghizni, dont l’ennemi défendit les approches d’abord par une vive fusillade, et bientôt par une canonnade qui annonçait enfin une lutte sérieuse. L’artillerie de siége était restée à Kandahar, l’armée n’était point pourvue de moyens d’escalade ; la place était plus forte d’assiette et d’ouvrages qu’on ne se l’était figuré. Il n’y avait pas de temps à perdre ; le général en chef prit ses mesures, et, après s’être concerté avec l’habile directeur du génie, capitaine Thomson, il fut décidé qu’on ferait sauter la porte de Kaboul (le point le plus faible de l’enceinte) d’après un plan indiqué par le colonel Pasley en 1835. (Des copies lithographiées de ce plan avaient été adressées par la cour des directeurs au gouvernement de l’Inde, et distribuées aux officiers d’artillerie et du génie.) Tous les préparatifs s’achevèrent dans la journée du 22. Le 23, à deux heures du matin, sir John Keane et son état-major prirent position sur les hauteurs de Balloul, à portée de canon de la place. Les batteries étaient en avant avec quatre régimens d’Européens, suivis des sipahies, prêts à se porter à l’assaut. À trois heures, la canonnade commença, et bientôt après, avant que le jour eût paru, une explosion terrible annonça que le plan arrêté la veille avait été mis à exécution. Il avait eu le succès le plus complet. Les troupes s’étaient précipitées sur les