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MÉLANGES D’HISTOIRE NATURELLE.

province, et ses manuscrits, s’ils existent encore, doivent en contenir une description.

Outre l’espèce dont nous venons de parler, le genre Victoria en contient une seconde, qu’un des naturalistes que nous nommions tout à l’heure, M. A. d’Orbigny, avait observée, il y a quelques années, dans les eaux de la province de Corrientes, et dont il avait alors envoyé des échantillons desséchés au Museum d’histoire naturelle. Cette seconde espèce, qui se distingue au premier coup d’œil de la première, en ce que la face inférieure de ses feuilles est blanche au lieu d’être pourprée, est connue dans le pays sous le nom de maïs d’eau, parce que ses graines farineuses, grosses comme un petit pois et très nombreuses dans chaque fruit, sont mangées en guise de maïs.

Le genre Victoria s’étend ainsi dans l’hémisphère sud, jusqu’au vingt-cinquième degré de latitude et même davantage. Du côté nord, il ne paraît pas s’étendre aussi loin : jusqu’à présent du moins, rien n’autorise à croire qu’il se trouve dans l’Amérique septentrionale, quoique plusieurs provinces lui eussent offert un climat aussi doux que celui du Paraguay. Au reste, la flore de l’Amérique centrale est encore trop imparfaitement connue pour qu’on puisse rien affirmer à cet égard ; mais ce que l’on sait, c’est qu’en s’avançant un peu plus au nord, et vers la région où s’arrêterait le genre Victoria, si sa distribution dans l’hémisphère boréal était la même que dans l’hémisphère austral, on voit reparaître le genre nelumbo ; il y est représenté par une espèce différente de celle qui a été si fameuse dans l’ancien continent. Voici en quels termes en parle M. Timothée Flint, dans sa description de la vallée du Mississipi, tome Ier, page 89 :

« Parmi les plantes aquatiques, il en est une qui, par la beauté de ses fleurs, surpasse toutes les autres et reste sans rivale au milieu d’elles. On la trouve dans les états du sud et dans ceux du centre ; mais c’est surtout dans la vallée de l’Arkansas qu’elle se montre dans toute sa splendeur, et qu’elle atteint ses plus grandes dimensions. Ses feuilles sont ovales, d’un vert brillant et très lisses à leur surface ; les plus grandes ont la taille d’un parasol. Elles flottent à la surface des bayoux et des lacs, et sont si rapprochées les unes des autres, qu’elles forment un plancher continu sur lequel on voit des maubèches et d’autres oiseaux courir, sans se mouiller les pieds, en poursuivant leur proie.

« Cette plante est connue sous différens noms : les Indiens du haut Arkansas la nomment Panocco, les botanistes y reconnaissent une nymphéacée, une espèce du genre nelumbo. Sa fleur est la repro-