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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

tirés au nord des Carpathes, occupèrent les pays situés entre la Vistule et l’Elbe, dont ils étaient peut-être les habitans primitifs, soumis par les conquérans germains. Le déplacement de ceux-ci, qui s’étaient portés en masse vers l’ouest et le midi, leur laissa la Pologne, la Poméranie, le Brandebourg, le Mecklenbourg, la Silésie, la Bohême et la Moravie. Après la mort de Théodoric-le-Grand, on les voit de plus alliés aux Bulgares, envahir la Carinthie, la Carniole, le Frioul et une partie de la Dalmatie. À la fin du VIe siècle, la plupart de ces Slaves furent soumis par les Avares, tribu tartare qui menaça un moment l’Europe de renouveler l’empire des Huns, mais dont la domination se restreignit bientôt à la Dacie et à une partie de la Pannonie. En 640, des tribus slaves peuplèrent, avec la permission d’Héraclius, l’ancienne Illyrie. Au VIIIe siècle, les Slaves occupaient tous les pays que nous venons de nommer : ils s’étendaient à l’ouest jusqu’au-delà de l’Elbe, sur les bords de la Saale. Les Saxons et les Frisons, tribus germaniques, habitaient les bords de la mer du Nord : plus au midi étaient les Francs orientaux, établis sur les deux rives du Rhin et dans le pays qui a conservé le nom de Franconie ; les Thuringiens s’étendaient entre le Harz et la forêt de Thuringe ; la Souabe était occupée par les Alemans, la Bavière par les Boyariens. La rivière d’Enns, qui sépare aujourd’hui la haute et la basse Autriche, était la limite entre ceux-ci et les Avares. Sous Charlemagne, cette limite fut reculée jusqu’à la Raab.

À partir du IXe siècle, on remarque une espèce de mouvement de retour de la race germanique vers l’orient. Elle fit, pour ainsi dire, volte-face pour s’opposer aux Slaves, aux Avares, aux Hongrois, et arrêter le nouveau débordement qui menaçait l’Europe occidentale. Cela ne fut possible que quand Charlemagne eut soumis à son autorité et au christianisme les vigoureuses tribus saxonnes, qui, une fois converties, devinrent le plus fort rempart de la chrétienté. Il serait difficile de déterminer avec certitude quelles furent, sous ce prince et ses successeurs, les limites de l’empire du côté des pays slaves. Au nord c’était l’Eider, au-delà duquel étaient les Danois ou Normands, nom générique donné aux habitans du Jutland, des îles de la Baltique et de la péninsule scandinave, lesquels formaient une branche à part de la grande famille germanique, et dont on connaît les expéditions maritimes et les incursions en France et en Angleterre. Les princes carlovingiens furent souvent en guerre avec les peuples slaves appelés Tchèkes en Bohême, Sorbes ou Sorabes en Misnie, Wiltzes et Lusitzes dans le Brandebourg et en Poméranie, Obotrites dans le Meck-