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de la Poméranie. Au-dessous de cette ville, il forme une espèce de grand lac nommé Stettiner-Haff, joint à la mer Baltique par des détroits ou des embouchures, entre lesquelles se trouvent les îles de Wollin et d’Usedom. Sur l’une d’elles se trouve le port de Swinemünde. L’Oder est à peine un fleuve allemand : les pays qui forment son bassin sont encore en grande partie slaves, et la race germanique n’y est venue qu’assez tard ; mais la place qu’occupe la Prusse dans l’Allemagne moderne lui donne une grande importance militaire et commerciale, parce qu’il est le seul grand cours d’eau qui appartienne tout entier à cette monarchie. Un système de canaux l’unit d’un côté à l’Elbe, de l’autre au Niemen, et il sert de voie à un commerce intérieur très actif.

On divise habituellement l’Allemagne en septentrionale et méridionale. La ligne de séparation, vague et flottante dans le langage habituel, parce que chacun la trace selon son caprice, peut se déterminer d’après le climat, les productions et les différences dans les mœurs et les habitudes qui résultent des circonstances physiques. En suivant cette règle, l’Allemagne du nord comprendrait les bassins de l’Oder, de l’Elbe, du Weser et de l’Ems avec une partie peu considérable de celui du Rhin ; l’Allemagne du midi, tout le bassin du Danube et celui du Rhin jusqu’au-dessous de Cologne. La ligne de partage, commençant au nord des sept montagnes, et aboutissant aux hauteurs qui séparent la Bohême de la Moravie, n’est pas parallèle à l’équateur : elle va du nord-ouest au sud-est, et suit par conséquent la direction générale des lignes isothermes sur la masse continentale à laquelle appartient l’Europe[1]. La partie de l’Allemagne située au midi de cette ligne se distingue par un climat beaucoup plus doux et par la production de certains végétaux qui ne viennent dans la partie septentrionale que par exception. Tels sont, parmi les céréales, l’épeautre et le maïs ; parmi les arbres fruitiers, le châtaignier, le mûrier rouge, et enfin la vigne. L’Allemagne méridionale, sauf les contrées trop élevées et trop voisines des Alpes, produit en abondance des vins toujours agréables et souvent excellens. On cultive la vigne, il est vrai, dans quelques parties de l’Allemagne du nord, sur les bords de l’Elbe, de la Saale et de la Werra, mais ces vins septentrionaux ne sont guère connus que par les plaisanteries populaires sur leur aigreur et leur mauvaise qualité.

  1. Les lignes isothermes, ou indiquant la similitude des climats, suivent rarement les degrés de latitude. Voyez sur ce sujet un savant Mémoire de M. de Humboldt, dans ses Fragmens asiatiques.