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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

de Meissen. Alors commence la plaine saxonne : on arrive à Wittemberg, d’où Luther remuait l’Allemagne avec sa parole passionnée, à Magdebourg, où le fleuve se rapproche du Harz, enfin à Hambourg et à la mer. L’Elbe reçoit, à gauche, par la Mulde et la Saale, les eaux de la Saxe occidentale, à droite par le Havel celles du Brandebourg. Le Havel, grossi de la Sprée, forme, à quelques lieues de Berlin, une série de petits lacs au milieu desquels s’élève Potsdam, le Versailles de Frédéric-le-Grand. Le bassin de l’Elbe tient à l’empire autrichien par la Bohême, il comprend la Saxe royale, si riche en métaux et si industrieuse, et le Brandebourg, centre de la monarchie prussienne, sans parler du Hanovre, du pays de Brunswick et du Holstein. Prague en dépend par la Moldau, Berlin par la Sprée, Leipzig par l’Elster : sur la large et profonde embouchure du fleuve est assise Hambourg, la ville la plus commerçante et la plus animée de l’Allemagne, entrepôt libre où affluent les produits des deux mondes. Les contrées arrosées par l’Elbe furent le berceau du luthéranisme : elles sont restées le centre de la civilisation protestante dont Berlin se vante d’être la capitale.

Le dernier affluent de la mer du Nord est l’Eider, qui coule entre le Holstein et la presqu’île danoise du Jutland, et qui sert de limite au territoire allemand depuis le temps de Charlemagne. Sorti d’un petit lac du Holstein, il en traverse plusieurs autres avant d’arriver à la mer : son cours, peu étendu, se dirige de l’est à l’ouest, et un canal de huit lieues l’unit à la mer Baltique.

Cette mer, appelée mer Orientale (Ost-See) par les Allemands, baigne le territoire de la confédération germanique depuis Kiel jusqu’à l’extrême frontière de la Poméranie. Ses bords ne présentent qu’une plage sablonneuse couronnée de dunes. À peu de distance du continent s’élèvent les falaises crayeuses de l’île de Rügen, antique sanctuaire de la déesse Hertha, et qui fut le dernier asile du paganisme en Europe. Le seul grand fleuve que la mer Baltique reçoive du territoire allemand est l’Oder, qui, né dans les Carpathes autrichiens, à côté de la Vistule, descend le long de la Silésie, riche et belle vallée qui va toujours s’élargissant et s’aplatissant vers le nord une fois arrivé dans la plaine sablonneuse où se trouve la plus grande partie de son cours, il coule dans un lit mal encaissé, forme des lacs et de vastes marais, et change sans cesse ses rivages. Son plus grand affluent est la Wartha, qui parcourt les plaines de la Pologne prussienne. L’Oder est tout hérissé de places fortes, dont les plus importantes sont Glogau, Custrin, Francfort, enfin Stettin, capitale