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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

de la Hongrie. Ces pays sont le berceau et le centre de la puissance autrichienne ; ils ont été comme la forteresse d’où les princes de la maison de Habsbourg s’élançaient à volonté sur l’Italie ou sur la Hongrie. Habités par des populations simples, religieuses, vaillantes et fidèles, aimés de leurs souverains, qui les traitent avec une faveur marquée, ils présentent au voyageur un spectacle remarquable de bien-être et de prospérité matérielle. C’est encore aux Alpes que se rattachent la Bavière et la Souabe orientale ; mais ces provinces sont à la fois moins fertiles et moins pittoresques que l’Autriche, parce que les montagnes, au lieu d’y jeter dans toutes les directions des rameaux de moins en moins élevés, les barrent au midi comme un mur immense au pied duquel s’étendent de vastes plaines refroidies par le vent des glaciers, et profondément coupées par les rapides affluens du Danube.

Essayons maintenant de donner une idée de l’Allemagne centrale et occidentale et des chaînes de montagnes secondaires qui la couvrent : on y distingue trois systèmes différens.

Le premier est celui qui longe le Rhin et dont la direction est comme celle du fleuve, du midi au nord. Il nous présente d’abord la chaîne du Schwarzwald ou de la Forêt-Noire[1] avec ses sommités boisées, ses riantes vallées latérales où coulent la Mourg, la Kinzig et le Neckar, et ses ruines du moyen-âge parmi lesquelles brillent le vieux château de Bade et l’élégant palais de Heidelberg. Elle court parallèlement au Rhin depuis le coude qu’il fait à Bâle, et encadre admirablement sa large et riche vallée : elle prend le nom d’Odenwald[2] peu après Heidelberg, et va toujours s’abaissant jusqu’à Francfort. Une de ses branches se dirige auparavant vers le nord-est et va gagner le Mein en Franconie ; elle continue, sous le nom de Spessart, de l’autre côté de cette rivière, et se rattache à deux groupes appelés Vogelsberg et Rhoen. La chaîne du Rhoen, qui sépare la Hesse de la Franconie et les eaux du Mein de celles du Weser, est remarquable par sa composition de phonolithe, de basalte et de lave, et par la forme bizarre de quelques-unes de ses cimes. Au sud-ouest du Vogelsberg se trouve le Taunus, qui s’élève au nord de Francfort et prolonge, le long du Rhin, ses pentes couvertes de vignobles célèbres. À la suite du Tau-

  1. La terminaison wald, forêt, est commune à un grand nombre des petites chaînes de montagnes de l’Allemagne : ainsi le Schwarzwald, l’Odenwald, le Bœhmerwald, le Thüringerwald, etc. C’est probablement cet ensemble de montagnes couvertes de bois que les anciens appelaient forêt Hercynienne.
  2. Forêt d’Odin, ou peut-être d’Othon, si l’on écrit Ottenwald.