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REVUE LITTÉRAIRE.

d’instruire les masses, et d’éclairer les sentiers de la vie pratique, ne se justifie pas plus facilement que celle de ravir les esprits par la magie du talent, et de les intéresser aux passions menteuses d’un monde idéal. Il y aura un choix fort difficile à faire entre tous ces livres qui s’annoncent gravement. Suivre avec une attention vigilante les travaux de ce genre, indiquer la place qu’ils tiennent dans leur spécialité, mettre en vue l’élément nouveau qu’ils y apportent, les résumer de temps en temps par des études originales, où le critique disparaîtrait pour laisser le champ libre au trouveur : telle devrait être, dans l’état présent de la société, la digne et véritable mission d’un recueil périodique. C’est aussi celle que la Revue ambitionne. Si elle promettait de la remplir complètement, elle mériterait d’être accusée de présomption par les hommes qui ont l’habitude des épreuves sévères, et qui savent combien est lente et scabreuse la vérification des théories et des faits. Toutefois la nouvelle tendance des esprits, dont la Revue aime à signaler les indices, rendra l’accomplissement de sa tâche beaucoup plus facile. Elle craindra moins d’accumuler les travaux d’un intérêt positif, puisque le public se prononce ouvertement pour les lectures qui portent profit.