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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

était d’un grand prix. Phidias lui-même avait donné à sa Minerve des sandales étrusques (an de Rome 322) ; enfin, quand les Grecs voulaient faire l’éloge d’un ouvrier habile et appliqué, ils disaient : C’est un Toscan.

Les Étrusques étaient un peuple essentiellement commerçant, et tout nous porte à croire que l’art chez eux n’était qu’une branche de commerce de plus. Il est vrai qu’ils étendaient indéfiniment les applications de l’art ; aussi, comme nous venons de le voir, leurs vases, leurs meubles et les ustensiles qui sortaient de leurs fabriques, étaient-ils très recherchés. Leurs statues, mais surtout leurs bas-reliefs, également appréciés, trouvaient des acheteurs dans toute l’Italie et même en Grèce. Phidias ayant opéré dans l’art une révolution complète, et donné à la statuaire grecque une prépondérance décidée, le culte de la nature fit place au culte de la beauté, et l’on rechercha plutôt la noblesse, la pureté et le grand caractère de la forme, que sa parfaite et naïve vérité. Les artistes toscans de la précédente école durent se soumettre au goût dominant ; commerçans avant tout, ils se conformèrent aux caprices des acheteurs. Cette révolution dans l’art ne fut donc pas désintéressée, mais eut lieu sous l’influence d’un esprit mercantile qui ne nuisit cependant pas à son excellence. Cette révolution ne fut du reste parfaitement accomplie que du jour où Rome, déjà victorieuse des Étrusques, conquit la Sicile et puisa dans Syracuse les modes grecques (an de Rome 541). Dès-lors l’hellénisme domina dans la littérature, les arts, et même dans les mœurs des peuples qui lui étaient soumis. Cette école étrusque hellénienne fut la plus durable et la plus féconde peut-être de toutes celles qui se succédèrent sur le sol de l’Italie. Pline rapporte que Marcus Flavius, général romain, s’étant rendu maître de Vulcinium (Bolsena), fit transporter de cette seule ville dans Rome deux mille statues, dont l’une de cinquante pieds de haut. Cet évènement se passait vers l’an 489 de la fondation de Rome, et par conséquent aux débuts de l’école hellénienne, qui fleurit du IVe au VIIe siècle de Rome. Sa décadence ne commença que vers le milieu du premier siècle de l’ère chrétienne. Les chefs-d’œuvre de ce style sont ces belles statues de bronze qu’on croirait grecques au premier aspect, mais chez lesquelles, avec un peu d’étude, on distingue quelque chose de la vérité et du naturel primitif, et peut-être de la dureté de l’ancienne école toscane : les formes sont en effet plus anguleuses, les méplats plus larges et plus hardis, la charpente osseuse plus accusée, et en même temps les détails plus travaillés que dans les