Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/675

Cette page a été validée par deux contributeurs.
671
LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

les principales fabriques de ces tombeaux. Les ateliers de Volterre surtout étaient fameux ; leurs nombreux ouvriers trouvaient d’abondans matériaux dans les riches veines d’albâtre que renferment les contreforts de l’Apennin voisins de la ville. Cette école fut transitoire ; elle remplit l’espace intermédiaire entre l’école archaïque et l’école hellénienne qui suivit. Les groupes et les bas-reliefs qui accompagnent ces tombeaux offrent la représentation de sujets nationaux, retracent des actions héroïques dont l’histoire ne nous a pas conservé le souvenir, ou ont trait à d’antiques superstitions locales. Le sujet le plus répété de ces bas-reliefs, c’est la lutte du bon et du mauvais principe, telle que la concevaient les anciens Étrusques d’après les Orientaux. Leurs artistes d’ordinaire se montrent peu scrupuleux sur l’exactitude et la réalité des détails des scènes qu’ils représentent. Par une sorte d’anachronisme commun à toutes les écoles primitives, ils donnent leurs vêtemens et leurs armes aux personnages d’autres nations et d’époques antérieures, ou bien ils décorent le fond de leurs compositions d’édifices et de monumens empruntés à leurs villes ; ainsi, dans un bas-relief représentant la mort de Capanée, l’artiste, au lieu de la porte de Thèbes, a figuré la porte de Volterre, telle qu’elle subsiste encore de nos jours[1].

Beaucoup de ces petits tombeaux sont semblables et ont dû sortir du même atelier. Les statuettes accroupies sur leurs couvercles portent le même costume, et sont dans la même position. Elles offrent du reste une singularité qui doit être signalée. Chez quelques-unes, le buste est d’une étude délicate et consciencieuse ; on reconnaît des portraits dont la ressemblance a dû être grande ; chez d’autres, ce buste est informe et à peine ébauché. On en a enfin trouvé un petit nombre où le bloc qui doit former la tête n’est pas même dégrossi. Il est probable que cette imperfection était calculée, et que l’artiste exposait en vente son ouvrage inachevé, attendant pour terminer le buste qu’il pût lui donner la ressemblance que désirerait l’acheteur.

Dans ces premières salles, on voit aussi des statues et des bustes de diverses époques, mais dont la plupart sont contemporains des tombeaux. Ces statues et ces bustes sont des portraits de personnages inconnus, d’un caractère grand et simple, mais parfois aussi d’une étude sèche et voisine de la puérilité. Dans beaucoup de ces morceaux, la froideur de l’époque égyptienne a déjà fait place à une recherche d’attitude qui arrive à la violence et à la gêne : les draperies sont toujours collées au corps, et leurs plis parallèles et

  1. Micali, 276, c. XXV.