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REVUE DES DEUX MONDES.

Les disciples. — Donnez-nous seulement quelques notions superficielles de la science dont nous nous occupons en ce moment.

Paphnuce. — Je ne pourrai vous en parler que très succinctement, car elle est peu connue des solitaires.

Les disciples. — De quel objet s’occupe-t-elle ?

Paphnuce. — La musique ?

Les disciples. — Oui.

Paphnuce. — Elle traite des sons.

Les disciples. — Y en a-t-il une ou plusieurs ?

Paphnuce. — On en compte trois qui sont tellement liées entre elles par l’analogie des proportions, que ce qui se trouve dans l’une ne peut manquer de se trouver dans les autres.

Les disciples. — Quelle différence y a-t-il entre elles ?

Paphnuce. — La première se nomme mondaine ou céleste, la seconde humaine[1], et la troisième instrumentale.

Les disciples. — En quoi consiste la céleste ?

Paphnuce. — Dans les sept planètes et la sphère céleste.

Les disciples. — Comment cela ?

Paphnuce. — Parce qu’on trouve dans les planètes et dans la sphère le même nombre d’intervalles, les mêmes degrés et les mêmes consonnances que dans les cordes.

Les disciples. — Qu’est-ce que les intervalles ?

Paphnuce. — L’espace qui se trouve entre les planètes ou entre les cordes.

Les disciples. — Et les degrés[2] ?

Paphnuce. — La même chose que les tons[3].

Les disciples. — Nous n’avons aucune notion de ceux-ci.

Paphnuce. — Le ton se compose de deux sons : il est proportionnel au nombre epogdous ou sesquioctave (c’est-à-dire dans le rapport de 9 à 8.)

Les disciples. — En vain nous faisons tous nos efforts pour comprendre et franchir rapidement vos premières propositions. Vous nous en apportez toujours de plus difficiles.

Paphnuce. — Cela est inévitable dans ces sortes de discussions.

Les disciples. — Dites-nous quelque chose des consonnances, pour qu’au moins nous sachions le sens de ce mot.

Paphnuce. — La consonnance est une certaine combinaison harmonique[4].

  1. Les éditions de Celtes et de Schurzfleisch répètent le mot mondaine, évidemment par erreur. D’ailleurs, la division de la musique, telle que nous l’avons rétablie, se trouve dans plusieurs auteurs, entre autres dans Boëce (De Musica, lib. I, cap. II), et, pour citer un écrivain plus rapproché de Hrosvita, dans Aurelianus Reomensis (Music. disciplin., cap. III, ap. Gerbert., Script., tom. I, pag. 32).
  2. « Productiones. »
  3. On lit dans Martianus Capella (lib. IX, § 955) : « Sonum, id est tonum, productionem vocavi. »
  4. « Symphonia dicitur modulationis temperamentum. » Censorinus donne