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à l’empereur Othon II le poème qu’elle a consacré à la gloire de la maison de Saxe. Si nous ne nous sommes pas trompé dans nos calculs précédens, elle avait alors environ quarante ans. Casimir Oudin[1] dit que Hrosvita mourut l’an 1001 ; il se fonde sur ce qu’elle a célébré les trois premiers Othons. Le premier livre que nous avons du panégyrique s’arrête à la mort d’Othon-le-Grand ; mais le titre même (Panegyris Oddonum) prouve que nous ne possédons que le commencement du poème. La seconde dédicace, adressée à Othon II, se trouvait probablement en tête d’un second livre consacré à ce prince. On lit dans la Chronique des Évêques d’Hildesheim[2] que Hrosvita a célébré les trois Othons.

Elle entra jeune au monastère de Gandersheim, et y reçut une éducation à la fois religieuse et poétique. Dans les études de cette maison, on mêlait à la lecture des livres saints celle des vers de Virgile et des comédies de Térence. Quelques biographes de Hrosvita nous assurent qu’elle était même versée dans les lettres grecques[3]. Elle parle avec une naïveté modeste de ses premiers essais poétiques. Dans une préface en prose placée à la tête de ses poésies, elle sollicite l’indulgence des lecteurs pour les fautes qu’elle a pu commettre contre la prosodie et la grammaire, alléguant pour excuse la solitude du cloître, la faiblesse de son sexe et son âge encore éloigné de la maturité. « Elle ne s’est proposé d’autre but en écrivant ses vers, que d’empêcher le faible génie que lui a départi le ciel, de croupir dans son sein et de se rouiller par sa négligence ; elle a voulu le forcer à rendre, sous le marteau de la dévotion, un faible son à la louange de Dieu[4]. » Dans une invocation en vers élégiaques, qui précède son Histoire en vers de la sainte Vierge, elle demande à la mère de Dieu de lui délier la langue, et rappelle modestement à cette occasion l’ânesse de l’Ancien Testament, à laquelle Dieu daigna accorder la parole.

Hrosvita mentionne avec reconnaissance ses deux principales maîtresses : l’une fut une religieuse obscure nommée Rikkarde, l’autre la jeune abbesse Gerberge elle-même, qui, moins âgée que son élève, avait cependant sur elle la supériorité de connaissances qui convenait à une princesse du sang impérial[5]. Hrosvita lui a respec-

  1. Comment. de script. ecclesiast., tom. II, pag. 506.
  2. Leibn., Script. Brunsv., tom. II, pag. 787.
  3. Bodo, Syntagm. de eccles. Gandersh., loc. cit. — Trithem., Liber de script. ecclesiast., pag. 89. — Gesnerus, Biblioth. universal., voce : Roswida.
  4. In Opera sua carmine conscripta prœfatio.
  5. Dans tous les couvens de l’ordre de Saint-Benoît, il y avait un frère qui, sous