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trouve appelée Hareswitha, Rosweyda, Rothsmuta, Hroswida, Rhosvit, et de beaucoup d’autres manières plus ou moins fautives. Dans un manuscrit de ses œuvres, qu’on peut voir aujourd’hui à Munich, et qui est presque contemporain, elle se nomme elle-même Hrotsvit, et quelquefois, en élidant le t du milieu, Hrosvit. Ses plus anciens et plus sûrs biographes l’appellent aussi Hrosvita[1]. Il n’est donc pas douteux que tel ait été son nom ou son surnom ; je dis son surnom, car cette poétique appellation de Hrotsuita[2], qu’elle traduit elle-même par voix éclatante, « Ego clamor validus Gandeshemensis[3], » pourrait bien n’avoir été qu’un nom de baptême ou de religion. Cette interprétation, fournie par elle-même et adoptée par Jac. Grimm, détruit l’explication plus gracieuse du nom de Hrosvita, que J.-Chr. Gottsched a proposé de traduire par rose blanche[4], et renverse du même coup une hypothèse très hasardée de Mart.-Fréd. Seidel. Ce biographe avait avancé[5], d’après Knesebeck[6], que l’H initial de Hrosvita n’est pas le signe d’aspiration en usage au moyen-âge dans les mots tels que Hrabanus, Hrodolphus, Hcarolus et beaucoup d’autres, mais l’abbréviation de Helena, et sur cette supposition il prétendait que le nom de Hrosvita cachait celui de Helena a Rossow[7], faisant ainsi descendre l’illustre nonne d’une vieille famille saxonne que mentionne la chronique d’Enzelt, pag. 60, mais que Gottsched ne croit pas remonter, à beaucoup près, au Xe siècle.

  1. Bodo, Syntagma de Eccl. Gandesian., ap. Leibn., Script. Brunsv., tom. III, pag. 712.
  2. Plus anciennement Hruodsuind, d’où Hrothsuid et Hrotsvit, suivant Jac. Grimm et Andr. Schmeller, Lateinische Gedichte des X und XI jh., Gotting., 1838, in-8o, pag. IX. — On trouve Rotsuinda abbatissa et Ruitsuinda, in Catalogo episcop Hildenesh., ap. Leibn., loc. cit., tom. I, pag. 773.
  3. In sex comoedias suas prœfatio.
  4. Nothiger Vorrath zur Gesch. der deutsch. dramatisch. Dichtkunst, tom. II, pag. 13. — On a encore proposé une autre étymologie du nom de Hrosvita ; je lis dans une notice insérée dans les Bollandistes (Act. sanct., Jun., tom. V, pag. 205) : « Vixit Roswita sive Hroswitha, formato ab equis pascendis vel rubro alboque coloribus nomine. »
  5. Icones et elogia virorum aliquot prœstantium, etc., 1670, in-fol. — Cet auteur a joint à sa notice sur Hrosvita un portrait que l’on retrouve dans Leuckfeld, dans Schurzfleisch, dans le Diarium theologicum (Fortgesetzte Sammlung v. alt. und neuen theolog. Sachen, 1732, pag. 678), même dans le Mercure allemand de Wieland (1803, tom. I, pag. 258), et qui n’en paraît pas pour cela plus authentique.
  6. Seidel cite l’opinion de Knesebeck sans indiquer l’ouvrage où celui-ci l’a consignée.
  7. Ce nom est passé dans beaucoup d’ouvrages, entre autres dans Saxius (Onomastic. litter., tom. II, pag. 157), et dans Wachler (Handb. der Gesch. d. Litter., nouv. édit., tom. II, pag. 254).