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DU GOUVERNEMENT REPRÉSENTATIF EN FRANCE.

revêtus d’une fonction publique par des suffrages antérieurs, reviennent, sans s’en douter, à l’élection indirecte, contre laquelle ils s’élèvent avec violence. Contradiction dans les principes, arbitraire dans les résultats, tel est le caractère de ces combinaisons qui se démoliront l’une par l’autre, et dont le seul effet sera d’éveiller l’attention du pays sur une question qu’il croyait épuisée. Puisque chacun fait son système, il ne me sera pas interdit de vous donner le mien. Celui-ci se présente au même titre que les autres, et du moins a-t-il sur eux le double avantage d’être parfaitement rationnel en théorie et d’embrasser l’ensemble des réalités sociales.

Au premier degré de notre hiérarchie sociale, j’aperçois la commune, centre de tous les souvenirs de la religion et de la famille, siége de l’état civil et de l’instruction primaire, où l’école s’élève près de l’église, où le hameau touche à la sépulture des ancêtres ; corporation puissante qui possède des biens communs, et à laquelle la loi de l’état affecte des ressources spéciales. Elle est régie par un conseil nommé par les principaux censitaires, dans une proportion libérale en même temps que prudente, proportion qu’on ne pourrait élever, sans ôter à l’administration ses racines populaires, qu’on n’abaisserait pas, sans transporter au cabaret le siége des élections municipales. L’immense majorité de ces trente-deux mille conseils est acquise déjà aux influences morales et conservatrices, et là où elles en sont exclues, elles n’auraient guère qu’à vouloir y prendre leur place, pour que celle-ci ne leur fût pas long-temps disputée.

Entre la commune et le département s’interpose l’arrondissement, siége de la sous-préfecture et de la justice civile, centre d’influences et d’intérêts distincts. Cette circonscription est représentée par un conseil dont les attributions pourraient être utilement augmentées, et qui n’est pas sans importance en le réduisant même à son rôle consultatif. Lui seul éclaire les délibérations de l’administration supérieure pour les questions d’instruction primaire, pour celles relatives à la voirie, pour les réclamations spéciales formées par les communes. Enfin, l’ensemble de l’administration tout entière aboutit à un conseil général qui répartit l’impôt entre les arrondissemens, vote des centimes facultatifs, règle l’emploi des centimes ordinaires et spéciaux, et concourt même à la législation générale par les vues d’utilité publique qu’il a mission d’exprimer.

Que tout homme connaissant la France s’interroge scrupuleusement, et que, sans s’arrêter aux circonstances transitoires qui ont pu déterminer certains choix au préjudice de certains autres, il se