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qui porte leurs grands noms écrits au cœur de son écorce, seul comme Ossian pour glorifier, en se contemplant lui-même, les esprits des héros trépassés, et c’est dans cette attitude imposante qu’il nous est apparu. Goethe résume en lui tout le mouvement intellectuel du nord de l’Allemagne au dernier siècle : il a le lyrisme de Schiller, l’idéalisme de Herder, le sentiment plastique de Wieland ; il leur a survécu par cette loi de la nature qui consacre la force en toute chose. Maintenant, il nous reste à demander grace au lecteur pour les développemens de ces études, bien longues en effet si l’on envisage notre propre faiblesse, mais encore incomplètes eu égard à l’immensité du sujet. Il y a des hommes en face desquels on ne saurait s’arrêter trop long-temps, car ils sont eux-mêmes un point de station dans l’histoire de la pensée humaine, car ils sont à la fois le but où tendait le passé, et le point d’où les générations nouvelles s’élancent vers l’avenir.


Henri Blaze.

    lit encore son nom inscrit de sa propre main, auprès de ceux de Herder, de Gleim, de Lavaler, de Wieland, de Schiller. Du reste, ce chêne n’est pas le seul privilégié dans la forêt, et l’on en trouve çà et là bien d’autres, illustrés aussi par des inscriptions charmantes, dont le sens, toujours mélancolique, comme il convient au recueillement solitaire du lieu, rappelle les beaux jours d’une jeunesse ardente et poétique passée au sein de la nature. Ces inscriptions sont de Goethe, de Schiller, de Herder. Les grands cerfs de la Thuringe, errant au clair de lune, éveillent dans les bois de mélodieux souvenirs, et la feuille qu’ils broutent leur parle de Werther ou d’Oberon.