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LES MARBRES D’ÉGINE.

passions dont les écrivains de l’antiquité nous ont appris le secret et les résultats.

La onzième salle, qui est très petite, est consacrée aux sculptures colorées, qui signalent principalement l’invasion de l’art égyptien dans l’art grec et dans l’art romain, au temps de leur décadence. Elle contient, outre quelques morceaux de bronze, des statues en marbres variés, parmi lesquels le noir domine. Enfin, la douzième salle, qui est la dernière, et qui est aussi fort restreinte, renferme quelques ouvrages de notre époque ; l’Allemagne et l’Italie du XIXe siècle ont fait les frais de ce cabinet. Deux statues de Canova, Vénus et Pâris, des portraits exécutés par les deux Schadow, par Thorwaldsen et par Ranch, sont les seuls représentans que la sculpture moderne ait dans cet étroit sanctuaire. Si on suit avec plaisir la marche de l’art antique dans la classification bien étudiée des pièces précédentes, on est frappé de la lacune qui se trouve ici dans l’histoire de l’art moderne. Cependant il ne faut pas s’en étonner trop vivement. Ce qui constitue le génie bavarois, ce n’est pas la passion du présent, mais la science du passé ; ce qu’il se propose généralement, c’est bien moins de rendre les idées, les sentimens et la physionomie du temps actuel, que de chercher quelle fut l’expression des siècles écoulés, et de retrouver la fleur des civilisations éteintes. On peut dire qu’il s’est approprié le monument qui était le plus capable de flatter son érudition.

II. — HISTOIRE DES MARBRES D’ÉGINE.

Quand même la Glyptothèque ne renfermerait que les marbres d’Égine, elle serait encore une des plus riches collections de l’Europe. Lorsque M. Pouqueville fit son voyage en Grèce, il descendit à Athènes chez M. Fauvel, qui avait reçu avant lui Châteaubriant et lord Byron ; dans la chambre que l’hospitalité du consul de France lui assigna, se trouvaient les plâtres des statues nouvellement découvertes à Égine. Le voyageur ne leur accorda point une grande attention ; il raconte que M. Fauvel lui dit : « Elles n’ont ni la grace, ni la correction de l’école de Phidias ; c’est de l’hyper-antique, qui n’a que cela pour mérite. Nous avons donné des noms à ces différentes figures ; ainsi vous voyez Patrocle, Ajax, ou tel autre héros qu’on voudra, car la grace de l’archéologie laisse une latitude arbitraire aux conjectures. Mais une chose incontestable, c’est que ceux qui les ont trouvées n’ont pas perdu leur temps. » M. Pouqueville n’a rien ajouté aux paroles de son hôte. Cependant je penserais volon-