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postérieur à Scopas par sa date et par son style, et qui, en substituant le travail gracieux des détails à la majesté de l’ensemble, donna le signal d’une ère toute nouvelle. Les Niobides de Florence sont si évidemment exempts des recherches minutieuses de l’analyse, que Winckelmann a pu dire que leur beauté ressemble à une idée qui naîtrait, sans le concours des sens, dans un esprit supérieur. Mais déjà il avait remarqué à Rome une tête de Niobé, et plusieurs figures de ses enfans, où les saillies étaient plus arrondies que dans le groupe de Scopas, et qui dénotaient une période subséquente. Praxitèle n’était-il pas l’auteur d’un second groupe de Niobides ? Voilà le problème que Winckelmann a posé. Les Niobides de la Glyptothèque n’appartiennent-ils pas à ce groupe ? C’est la question que j’adresse aux antiquaires de Munich. De beaux bustes d’hommes et de femmes, un torse superbe, un philosophe, dont la tête est malheureusement moderne, une Vénus de Gnide, qu’on croit être une imitation antique de la célèbre Vénus de Praxitèle, telles sont les principales figures qui accompagnent les deux Niobides.

Quand on a traversé la septième et la huitième salles qui, en attendant de nouveaux chefs-d’œuvre, sont décorées des peintures de M. Pierre de Cornélius, on entre dans la salle des Héros, qui est la neuvième. Les statues et les bustes des grands personnages de la Grèce et de Rome, qu’on suppose avoir été exécutés par les artistes grecs, y ont été mis à part. Au milieu de cette salle se trouve une figure qui doit être une imitation antique de notre beau Jason, connu autrefois sous le nom de Cincinnatus. Auprès d’elle on admire la fameuse statue d’Alexandre, celle qui appartenait à la famille Rondini de Rome, et la seule que Winckelmann jugeât authentique. Une statue de l’empereur Néron, dont le marbre pentélique a peut-être été cause qu’on l’a regardée comme une œuvre grecque, de beaux bustes de Démosthène, de Socrate, d’Annibal, ornent encore cette salle.

La suivante, qui est la dixième, et qui porte le nom de salle Romaine, offre une immense multitude de statues et de bustes, qui sont presque tous consacrés aux grandes familles impériales. Il doit y avoir beaucoup de copies dans cette galerie ; parmi les originaux, je n’ai rien remarqué de comparable au portrait d’Auguste que notre musée possède. Mais ce qu’il y a de vraiment intéressant dans la salle romaine de la Glyptothèque, c’est d’y trouver réunis dans un même lieu tous ces grands personnages de l’antiquité qui ont décidé du sort du monde, et de pouvoir lire sur leurs physionomies la trace des