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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

duc d’Otrante leur garantissaient l’inutilité et le désaccord de la résistance que les restes du parti impérial et du parti patriote semblaient vouloir faire. Encore souffrant de la chute qui l’avait laissé gisant sous les pieds des chevaux dans la journée du 16, le maréchal Blücher s’avançait avec ses troupes, ne rêvant que le pillage et la destruction de la France. Blücher ne voulait entrer dans Paris qu’à travers une brèche faite par le canon prussien, et lord Wellington lui écrit de son quartier-général de Gonesse, pour lui démontrer à la fois les dangers et le peu de gloire qui devaient résulter de cette résolution. Lord Wellington essayait d’abord de lui faire accepter la suspension d’hostilités proposée par les commissaires français, tâche difficile ; puis de lui faire adopter un plan qui avait pour but d’obtenir l’évacuation de Paris par les troupes françaises, et l’occupation de la capitale par la garde nationale jusqu’au retour du roi. « De la sorte, lui écrivait-il, nous aurons rétabli pacifiquement le roi sur son trône, ce qui est le but que se sont proposé les souverains en entreprenant cette guerre. Il est vrai, écrivait encore lord Wellington, que nous n’aurons pas le vain triomphe d’entrer à Paris à la tête de nos armées victorieuses ; mais je doute que nous ayons en ce moment les moyens d’attaquer Paris, et il nous faut attendre l’arrivée du maréchal prince de Wrède, avec lequel arriveront les souverains qui sont disposés à épargner la capitale de la France. » Les commissaires français étaient à Gonesse, près de lord Wellington qui traitait en homme d’état des conditions de la retraite de Napoléon et de son embarquement ; mais le maréchal Blücher, qui n’était qu’un soldat, ne voyait que le plaisir et la gloire de brûler Paris, et il ne se laissait pas fléchir par son collègue. Ce ne fut en effet que sous les murs de Paris qu’eut lieu la convention que désirait lord Wellington, et qui ne fut signée que le 3 juillet. Bientôt s’élevèrent d’autres débats. Dès son entrée à Paris, Blücher ordonna au général Muffling de lever sur la ville une contribution de 100 millions de francs. Nouvelles lettres de lord Wellington, qui lui déclare, avec son sang-froid habituel, qu’une telle mesure ne peut être prise que du commun accord de tous les souverains alliés, et, comme ils sont très près, il n’y aura pas d’inconvéniens, dit-il, à attendre leur arrivée, avant de commencer à lever cette contribution. Repoussé sur ce point, Blücher imagina, quelques heures après, de faire miner le pont d’Iéna pour le détruire. Lord Wellington reprend aussitôt la plume pour dire au maréchal prussien que cette mesure occasionnera une quantité de troubles dans la ville, a good deal of disturbance in the town, et que « les souverains ayant laissé subsister ce