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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

maire de Bordeaux d’après ce que je vois dans cette proclamation, j’ai eu l’honneur de lui envoyer copie des instructions que j’ai envoyées au maréchal Beresford, et copie de son rapport, qui feront voir à votre altesse royale que j’ai agi avec la même franchise envers le maire de Bordeaux qu’envers votre altesse royale et les autorités de la France, et que le maire de Bordeaux savait la vérité le 11, quoiqu’il ait écrit sa proclamation le 12.

« Monseigneur, j’espère que les souverains dont je commande les armées, et les peuples dont je possède la confiance, me croiront, et non le maire de Bordeaux, et que je ne serai pas obligé de publier les papiers que je mets à présent sous les yeux de votre altesse royale ; mais votre altesse royale me permettra de lui dire que je désire me tenir à l’écart d’une cause qui n’est pas guidée par l’exacte vérité. »

Une autre lettre, datée de Seyssel, 29 mars 1814, suivit bientôt celle que je viens de citer. Elle n’est pas moins propre à faire connaître la situation des partis. — « Sir, j’ai eu seulement aujourd’hui l’honneur de recevoir les commandemens de votre altesse royale, du 18 et du 24 courant, et comme ils ont rapport à différens points sur lesquels je désire m’expliquer avec précision, je prends la liberté, écrivant avec plus de facilité en anglais, de me servir de cette langue, en m’adressant à votre altesse royale.

« J’ai été très fâché de voir que l’exposé que j’ai eu plusieurs fois l’honneur de faire à votre altesse royale des principes en vertu desquels j’étais déterminé à agir, en France, en ce qui concerne la famille des Bourbons, a fait si peu d’impression sur l’esprit de votre altesse royale, qu’elle n’a voulu remarquer qu’après avoir lu ma lettre du 16, que la proclamation du maire de Bordeaux n’est pas conforme à ce que j’ai déclaré à votre altesse royale. Cette circonstance rend plus que jamais nécessaires les précautions de ma part. Je n’agis pas comme individu, je suis à la tête de l’armée, et l’agent confidentiel de trois nations indépendantes ; et supposant que comme individu je puisse consentir à laisser travestir mes vues et mes intentions, comme général des armées alliées, je ne le puis pas.

« J’envoie ci-incluse à votre altesse royale la copie d’une pièce remise, je crois, par votre altesse royale au lieutenant-général comte de Dalhousie, qui montre les conséquences de cette fausse interprétation. J’ai occupé Bordeaux avec un détachement de l’armée dans le cours de mes opérations, et certaines personnes, dans cette ville, ont, contrairement à mes avis et à mon opinion, jugé à propos de proclamer roi Louis XVIII. Ces personnes n’avaient pris, jusqu’à