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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

petit nombre de bricks et cutters employés au service des dépêches, pour coopérer avec l’armée au siége d’une place maritime dont la possession nous importe avant que la mauvaise saison ne commence, je me contenterai et ferai pour le mieux, sans secours ; mais j’espère que votre seigneurie me fera savoir positivement si je dois ou non compter sur quelque assistance en forces maritimes. »

Une autre lettre, adressée du même lieu au général don Miguel Alava, prouve que ce n’était pas seulement contre la négligence et la mauvaise volonté du gouvernement anglais que lord Wellington avait à lutter.

« Je suis fâché de vous informer qu’il n’est pas venu de bateaux dans le port de Passage, pour les opérations du siége de Saint-Sébastien, et qu’il n’y a pas de cartes du pays pour cette opération. Je ferai savoir à la population de ces provinces que ses magistrats ne m’ont pas donné d’assistance, et ne m’ont rien fourni de ce qui était nécessaire pour délivrer ce pays de l’ennemi. Je ferai en outre connaître mon opinion sur cette conduite à toute l’Espagne.

« Voici une lettre que j’ai reçue de M. Dunmore au sujet du peu de secours donné par la ville de Vittoria. Le peuple de cette ville et de ces provinces verra, par expérience, la différence qu’il y aura si, par manque d’assistance, je suis obligé de les abandonner à l’ennemi.

« Voici encore un rapport que j’ai reçu de Bilbao, d’après lequel les magistrats ont refusé de nous donner la jouissance des couvens, pour établir nos hôpitaux. Je vous prie d’observer que ces hôpitaux sont demandés pour les officiers et les soldats blessés en se battant pour ce pays, et je pense qu’il faut prendre des mesures pour obliger ces magistrats à accorder les secours qu’on leur demande. Dans tous les cas, je ferai en sorte que le pays tout entier connaisse leur conduite. »

Voilà pourtant un appel à l’opinion publique ; mais c’est le sentiment de la justice blessé qui fait cet appel. Lord Wellington n’a peut-être jamais prononcé le mot gloire, du moins on ne le trouve dans aucune de ses lettres. Les arrêts, le bâton ou la corde, lui semblent agir plus directement sur ses soldats que ce vain mot ; mais l’équité, comme les lois de la guerre, ne permettaient pas de passer des magistrats par les armes ou de les faire pendre pour avoir refusé de laisser convertir un couvent catholique en hôpital pour des blessés protestans. Lord Wellington use du seul moyen qui lui reste, en appelant sur eux le blâme de leurs compatriotes. Quant aux mesures à prendre pour les contraindre à changer de conduite, c’est à un général espagnol qu’il les propose. Quelque timide, quelque singulier