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Quant à la dépense, pendant les trois premiers siècles de Rome, les jeux romains, ou grands jeux, étaient défrayés par l’état et surtout par l’argent qui provenait des amendes[1]. L’excédant de ces frais, qui tendit incessamment à s’accroître, fut mis à la charge des édiles. Ces dépenses devinrent bientôt trop lourdes pour des magistrats plébéiens. L’an 389, le sénat ayant ajouté un jour aux trois que duraient les grands jeux, les édiles reculèrent devant cette nouvelle charge. De jeunes patriciens offrirent aussitôt de la supporter, à condition qu’on accorderait à leur ordre les honneurs de l’édilité[2]. Ainsi, à côté des édiles plébéiens furent créés deux édiles curules, spécialement chargés de la dépense des grands jeux[3] et, plus tard, de celle des jeux floraux et des jeux mégalésiens ; et, comme les jeux scéniques furent admis, cette année-là même, dans les grands jeux et successivement dans les autres, il en résulta que les édiles curules furent chargés, sinon de la présidence, du moins des frais et de l’intendance des jeux scéniques.

Cependant les dépenses qu’occasionnaient les spectacles devinrent si considérables par suite des prodigalités ruineuses des Livius Drusus, des Claudius Pulcher, des Crassus, des Lucullus, des Scaurus, des Corn. Lentulus Spinther, que les fortunes privées ne purent y suffire. Les édiles curules furent obligés de chercher, à leur tour, les moyens d’alléger ce fardeau. Voici comment ils s’y prirent.

Dans les provinces où les jeux étaient, à l’exemple de Rome, présidés par les proconsuls et les propréteurs, la dépense des spectacles était couverte par des contributions levées sur les habitans[4]. À la fin de la république, non seulement on continua d’imposer les provinces pour la célébration de leurs jeux ; mais, par un abus qui rappelle le détournement des fonds sociaux à Athènes, les proconsuls levèrent sur les provinces des sommes considérables au profit des édiles de Rome, pour les aider à subvenir aux spectacles de cette cité-reine[5].

Sous le régime impérial, les empereurs, comme réunissant en leur personne toutes les magistratures, absorbèrent les plus importantes fonctions de l’édilité. Ils ne laissèrent aux édiles que le soin d’entretenir les bâtimens des théâtres. Le prœtor urbanus, et plus

  1. Tit. Liv., lib. X, cap. XXIII. — Ovid., Fast., V, v. 29, seqq.
  2. Tit. Liv., lib. VI, cap. XLII.
  3. id., lib. VII, cap. I.
  4. Cicer., Ad Quint., lib. I, epist. 1, § 9, ed. Nobbe.
  5. Tit. Liv., lib. XL, cap. xLiv. — Tacit., Annal., lib. VIII, cap. XXXI.