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LITTÉRATURE ORIENTALE.

ÉPOPÉE PERSANE.


LE SCHAH-NAMEH,
traduit par M. Mohl.

L’ouvrage dont je vais parler est un des six grands monumens épiques formés spontanément par la tradition nationale des peuples. L’Inde a le Mahabharat et le Ramayana, la Grèce a l’Iliade et l’Odyssée, le moyen-âge a les Niebelungen, la Perse a le Livre des Rois (Schah-Nameh). Ces compositions, si diverses à certains égards, ont cela de commun, qu’on ne peut les considérer comme l’œuvre du caprice individuel ; elles sont évidemment le produit de l’imagination des masses et le résultat de la tradition des siècles. Je reviendrai sur les différences qui séparent ces grands monumens épiques. Disons dès à présent que celui de Firdousi se distingue de tous les autres en ce qu’au lieu d’offrir le tableau d’un grand évènement, il comprend un certain nombre de récits formant une série qui commence avec les temps les plus obscurs et les plus fabuleux de la civilisation persane, et qui se prolonge jusqu’au jour où cette civilisation expire sous l’islamisme. L’unité de tous ces récits, c’est l’unité de cette civilisation elle-même, représentée de siècle en siècle par des rois de même