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POÈTES
ET
ROMANCIERS DU NORD.

iv.
RUNEBERG.

Dans les sombres régions du Nord, entre le 59e et le 68e degré de latitude, au milieu d’une enceinte bordée par le golfe de Bothnie et fermée par la Suède, la Russie et la Laponie, il est une contrée que peu de voyageurs ont parcourue, et dont l’histoire ancienne, la mythologie, la langue primitive, les mœurs, offrent cependant un haut intérêt. C’est la Finlande, pauvre et triste contrée où souvent le labeur de l’homme est infructueux, où souvent, au milieu de l’été, un vent froid, une gelée subite, anéantissent tout à coup les germes de la prochaine moisson. Là, toutes les richesses de notre sol, arbres à fruits, rameaux de vigne, épis de blé mûris par le soleil, ne sont connus que de nom. Le Finlandais regarde comme une année heureuse celle où il peut récolter assez de foin pour nourrir avec parcimonie ses bestiaux, assez d’orge pour être sûr d’avoir jusqu’à la moisson suivante sa galette dure et noire, mêlée de son, de paille hachée et de farine.

L’aspect de ce pays est triste, mais d’une tristesse qui attire comme