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GABRIEL.

élève, et je désire que son altesse n’ait pas lieu de la trouver mal remplie.

GABRIEL.

Grand merci ! Si je montre quelque bon sens, tout l’honneur en reviendra à mon cher précepteur ; si mon grand-père trouve que je ne suis qu’un sot, mon précepteur s’en lavera les mains, en disant qu’il n’a pu rien tirer de ma pauvre cervelle.

LE PRÉCEPTEUR.

Espiègle, m’écouterez-vous enfin ?

GABRIEL.

Écouter quoi ? J’ai cru que vous m’aviez tout dit.

LE PRÉCEPTEUR.

Je n’ai pas commencé.

GABRIEL.

Cela sera-t-il bien long ?

LE PRÉCEPTEUR.

Non, à moins que vous ne m’interrompiez sans cesse.

GABRIEL.

Je suis muet.

LE PRÉCEPTEUR.

Je vous ai souvent expliqué ce que c’est qu’un majorat, et comment la succession d’une principauté avec les titres, les droits, priviléges, honneurs et richesses y attachés… (Gabriel bâille en se cachant.) Vous ne m’écoutez pas ?

GABRIEL.

Pardonnez-moi.

LE PRÉCEPTEUR.

Je vous ai dit…

GABRIEL.

Oh ! pour Dieu, l’abbé, ne recommencez pas. Je puis achever la phrase, je la sais par cœur : « Et richesses y attachés peuvent passer alternativement, dans les familles, de la branche aînée à la branche cadette, et repasser de la branche cadette à la branche aînée, réciproquement, par la loi de transmission d’héritage, à l’aîné des enfans mâles d’une des branches, quand la branche collatérale ne se trouve plus représentée que par des filles. » Est-ce là tout ce que vous aviez de nouveau et d’intéressant à me dire ? Vraiment, si vous ne m’aviez jamais appris rien de mieux, j’aimerais autant ne rien savoir du tout.