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GABRIEL.


Scène II.


LE PRINCE, LE PRÉCEPTEUR.
LE PRINCE

C’est un homme sûr, n’est-ce pas ?

LE PRÉCEPTEUR.

Comme moi-même, monseigneur.

LE PRINCE.

Et… il est le seul après vous et la nourrice de Gabriel, qui ait jamais su…

LE PRÉCEPTEUR.

Lui, la nourrice et moi sommes les seules personnes au monde, après votre altesse, qui ayons aujourd’hui connaissance de cet important secret.

LE PRINCE.

Important ! Oui, vous avez raison ; terrible, effrayant secret, et dont mon ame est quelquefois tourmentée comme d’un remords. Et dites-moi, monsieur l’abbé, jamais aucune indiscrétion…

LE PRÉCEPTEUR.

Pas la moindre, monseigneur.

LE PRINCE.

Et jamais aucun doute ne s’est élevé dans l’esprit des personnes qui le voient journellement ?

LE PRÉCEPTEUR.

Jamais aucun, monseigneur.

LE PRINCE.

Ainsi, vous n’avez pas flatté ma fantaisie dans vos lettres ? Tout cela est l’exacte vérité ?

LE PRÉCEPTEUR.

Votre altesse touche au moment de s’en convaincre par elle-même.

LE PRINCE.

C’est vrai !… Et j’approche de ce moment avec une émotion inconcevable.

LE PRÉCEPTEUR.

Votre cœur paternel aura sujet de se réjouir.

LE PRINCE.

Mon cœur paternel !… L’abbé, laissons ces mots-là aux gens qui