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LES CÉSARS.

v.

NÉRON.[1]


IV.RÈGNE DE NÉRON.

Cette histoire est difficile. Le fils du brutal Domitius et de l’infâme Agrippine, né les pieds en avant[2], cet enfant confié d’abord à un danseur et à un barbier, grandit au milieu de la corruption maternelle et de la corruption impériale, parmi cette foule de sales courtisans qui exploitaient et baffouaient Claude. Devenu empereur, c’est-à-dire l’homme du monde le plus puissant, le plus sujet à se corrompre, le plus exposé, à un âge qui n’est pas encore celui de la jeunesse, ce César enfant ne promet rien de bon. Pourtant le voilà les délices du genre humain, l’idole du peuple ; quand il s’agit de signer la sentence de mort d’un voleur, il voudrait ne pas savoir écrire. Chose plus merveilleuse encore, il donne des jeux sans que personne y périsse ; pas une goutte de sang proscrit ne coule par son ordre ; le carnifex se croise les bras, le délateur mendie son pain en exil, et Trajan, ce saint empereur que le pape Grégoire-le-Grand pria Dieu

  1. Voir la livraison du 1er avril.
  2. Pline, Hist. Nat., VII, 8.