Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/754

Cette page a été validée par deux contributeurs.
750
REVUE DES DEUX MONDES.

— Il y a peu de temps, en donnant à nos lecteurs le discours prononcé par M. Edgar Quinet à l’ouverture de son cours de la faculté de Lyon, nous exprimions l’espérance de voir le public auquel s’adressait le jeune écrivain s’associer à ses idées et rendre justice à ses efforts. Les brillans et prompts succès qu’obtient M. Quinet, au début de sa nouvelle carrière, nous prouvent que nous n’avions pas tort de compter sur les vives sympathies que rencontre aujourd’hui son talent dans le public lyonnais. M. Quinet voit ses leçons suivies par plus de huit cents auditeurs, et, pour obtenir ces nombreux suffrages, il n’a pas eu besoin d’imposer la moindre gêne aux tendances élevées et sévères de son esprit ; il s’est élancé hardiment dans l’examen des plus graves questions de la philosophie, de la religion et de l’art, et il a trouvé le public empressé à le suivre dans ses développemens les plus abstraits ; bien plus, il a été écouté et applaudi avec enthousiasme. Un tel fait mérite d’être signalé pour l’honneur de la ville où professe M. Quinet. Il caractérise d’une manière éclatante cette alliance de l’esprit industrieux du Midi et de la spiritualité du Nord, qui, pour nous servir d’une expression de M. Quinet lui-même, fait encore aujourd’hui la grandeur et l’originalité de Lyon entre toutes les villes de la France. Après un si brillant début, il ne nous reste plus qu’à désirer de voir M. Quinet appelé bientôt sur un plus vaste théâtre, où son beau talent ne trouvera pas, assurément, moins de sympathie qu’à Lyon.


Nous recevons de M. Marliani la lettre suivante que nous donnons textuellement. Nous concevons fort bien que M. Marliani ait attaché quelque importance à établir qu’il ne nous avait pas ouvert son portefeuille, et qu’en servant la cause espagnole, il ne servait que sa patrie ; mais il s’expliquera sans peine que né en Espagne, de parens italiens, et, comme il le reconnaît lui-même, mis à l’index, en 1821, par un gouvernement italien, il ait pu, aux yeux de bien des gens, passer pour Italien et proscrit. Quant au récit que nous avons fait, dans notre dernier numéro, de la mission de MM. de Zea et Marliani en Allemagne, nous en assumons, sans détour et sans embarras, toute la responsabilité ; nous nous fions aux sources où nous avons puisé. M. Marliani aurait pu se dispenser de discuter les observations que nous avons faites sur l’Espagne, et nous ne le suivrons pas sur ce terrain ; nous lui demanderons seulement si c’est bien sérieusement qu’il avance que le peuple espagnol et le peuple français sont faits pour s’entr’aider dans la défense des principes au nom desquels ils combattent. La France pourrait sans doute aider l’Espagne ;