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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mai 1839.


Les évènemens ne semblent pas devoir laisser long-temps le nouveau ministère dans une situation indécise. En ce qui est de l’extérieur, les dernières nouvelles de l’Orient, tout en laissant encore l’espoir du maintien du statu quo entre le sultan et le pacha d’Égypte, ont donné une impulsion à laquelle il est impossible de se soustraire. L’Angleterre augmente déjà ses forces dans les mers du Levant, de grands mouvemens de troupes se font dans l’empire de Russie. D’un autre côté, des ordres d’armement et de départ ont été expédiés dans nos ports, et le ministère vient de demander à la chambre un crédit de dix millions pour subvenir aux nouveaux besoins de notre marine.

Quelques lignes insérées dans un journal, le 25 de ce mois, ont tout à coup jeté l’alarme dans tous les esprits, comme si la marche d’un évènement prévu depuis long-temps les avait pris au dépourvu. La nouvelle était conçue en ce peu de mots : « On annonce que des hostilités ont éclaté, en Syrie, entre l’armée turque et l’armée égyptienne. » — Sur quel point de la Syrie ? Quelle était la nature de ces hostilités et leur importance ? Qui avait été l’agresseur ? Le sultan ou le pacha, le suzerain ou le vassal ? C’étaient là d’importantes questions auxquelles les hommes les plus haut placés et les mieux informés par devoir ne pouvaient nullement répondre. Enfin, une lettre d’Artin-Bey, premier secrétaire du vice-roi d’Égypte, au ministre du pacha Boghos-Bey, est venue dissiper quelques inquiétudes, sinon les appréhensions causées dans ce moment difficile par un évènement qui n’eût pas dû paraître inattendu. D’après cette lettre, l’armée turque aurait pris l’initiative, et se serait portée sur Bylégik ou Byr, et y aurait fait quelques fortifications. Byr est toutefois, comme le faisait observer l’ambassadeur de Turquie à Paris, sur le territoire du grand-seigneur, et l’occupation de cette ville par les troupes ottomanes, ainsi que le passage de l’Euphrate qui a dû avoir lieu en pareil cas, ne constitueraient pas encore une agression de la part du sultan Mahmoud.

De son côté, le vice-roi, voulant aussi repousser tout reproche d’agression,