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LA GRÈCE ORIENTALE.

mis en mouvement par la vapeur. Puis ensuite les toiles sont vendues, expédiées pour Liverpool, chargées pour le Levant, et elles doivent supporter encore de nouvelles commissions, de nouveaux frets, de nouvelles primes d’assurances.

En Livadie rien de tout cela ; le coton est cultivé et récolté dans la plaine ; on pourrait le mettre immédiatement en œuvre et presque sans frais de transport ; puis les toiles fabriquées dans des usines dont les terrains et la construction ne coûteraient presque rien, et où les métiers seraient mis en mouvement par l’eau, iraient en un jour au golfe de Lépante, en deux jours au Pirée, et en un jour et demi à Chalcis ! Je doute fort que l’Angleterre pût lutter avantageusement, dans le Levant, contre une pareille concurrence.

Le gouvernement grec paraît avoir compris toute l’importance de Livadie ; après avoir mis le Pirée en communication facile avec Athènes, il fait faire une route pour aller de Livadie à cette dernière ville. Déjà cette route va à moitié chemin de Thèbes, qui est à plus de moitié chemin d’Athènes à Livadie ; l’année prochaine, la route ira à Thèbes même.

Après avoir visité Thèbes et Eleusis, nous sommes revenus à Athènes, ville de 25,000 ames, bâtie en quatre ans, et qui reproduit en Europe un de ces miracles qu’on n’avait encore vus qu’aux États-Unis.

Je vous écrirai prochainement d’Égypte, et je vous donnerai des nouvelles du pays que vous aimez le plus[1].


De Ségur Dupeyron.
  1. Nous espérons donner à nos lecteurs les lettres que promet M. de Ségur Dupeyron, actuellement chargé d’une mission en Orient, dont l’objet est de rassembler des matériaux pour régler définitivement la législation des lazarets.