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le froment, sans être égal à celui d’Odessa, est de bonne qualité ; les vignes très abondantes fournissent des vins légers, recherchés en Russie, où l’on en importe pour une valeur assez considérable ; cette branche de commerce prendra nécessairement encore une plus grande importance, lorsque les procédés de fabrication auront été améliorés. Les fruits secs et le tabac en feuilles entrent aussi pour une forte part dans les produits à exporter.

La Valachie possède d’immenses troupeaux de moutons qui donnent une grande quantité de belles laines ; la race des chevaux, quoique petite, est assez bonne pour que l’Autriche l’admette dans ses haras de remonte. D’innombrables essaims d’abeilles fournissent une cire excellente ; l’Oltau, le Schyl, le Sheret, le Danube surtout, abondent en poissons de toute espèce, dont la salaison pourrait devenir avantageuse.

Le règne minéral enfin ne le cède point aux deux autres ; mais le manque de capitaux et de connaissances nécessaires, et, plus que cela, la crainte d’éveiller la cupidité des Turcs, ont retardé jusqu’à présent l’exploitation de cette source de richesses. Les Russes, pendant leur séjour, ont fait lever la carte géologique des Karpathes en ayant soin de ne pas ébruiter leurs découvertes. Les Valaques eux-mêmes, tout en soupçonnant l’abondance et la variété des trésors que recèlent leurs montagnes, ne possèdent sur ce point aucune donnée exacte. Je suis parvenu à me procurer quelques notions authentiques. Je donne ici ces renseignemens qui sont publiés pour la première fois. Les ingénieurs du général Kisselew ont reconnu l’existence de mines de fer ordinaire et de fer magnétique-pyriteux, de cuivre notamment à Krasne, de vif-argent à Pitechti, de charbon de terre à Gesseni, de soufre, d’ambre jaune, à la montagne Déal de Roche, de poix minérale, d’or, à Korbéni, d’asphalte, et enfin de salpêtre, à Poutchessa, où se trouvent aussi des eaux sulfureuses.

Les produits des salines forment presque à eux seuls le tiers des revenus de l’état qui dépassent la somme de quinze millions de piastres.

Les abus du gouvernement phanariote et les extorsions des Turcs avaient paralysé le commerce des Valaques ; il a repris quelque activité dans ces derniers temps. En 1832, le chiffre des exportations était de 32,640,291 piastres ; il a monté, en 1836, à 41,384,318, et, quoique je n’aie pu m’assurer du mouvement exact des deux années suivantes, je sais du moins qu’il a été plus considérable encore.

Dans chaque ménage valaque, la femme tisse elle-même une toile grossière, dont elle fait ensuite des vêtemens à son mari et à ses en-