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LA VALACHIE.

pour la délivrance d’Israël. Le cabinet de Saint-Pétersbourg avait trop conscience de ses forces pour vouloir sincèrement le maintien de la paix éternelle, et la possession de Constantinople devint son rêve favori. La grande-duchesse, mère d’Alexandre, accoucha d’un second fils ; on le nomma Constantin. Catherine parcourut son vaste empire, et pour entrer dans ces villes, qu’une baguette magique semblait avoir fait sortir de terre, elle passait sous des arcs de triomphe où se lisaient ces mots : C’est ici le chemin de Byzance. En 1787, la guerre fut franchement déclarée ; la Valachie se réveilla de nouveau, et, à la paix de Jassy (janvier 1792), elle reçut quelques avantages en échange de son concours. Le second traité disait textuellement, dans son article 3, que le Dniester serait pour toujours la ligne de démarcation des deux empires, et l’acte de Boukarest, du 28 mai 1812, étendit jusqu’au Pruth les frontières de la Russie, qui se trouva maîtresse d’une partie de la Moldavie, et à portée d’agir sur le reste. Mais les grands évènemens qui se préparaient appelèrent ailleurs son attention ; la Turquie reprit une funeste prépondérance sur la rive gauche du Danube.

Les années 1821 et suivantes virent l’insurrection d’Ipsylanti, du pacha de Janina et des Hellènes. Sans prendre d’abord ouvertement le parti des révoltés, la Russie les soutint de ses trésors et les excita par ses intrigues. En 1827, elle jeta le masque à Navarin, et bientôt après, ses soldats furent reçus en Valachie comme des libérateurs.

L’occupation russe dura cinq années. L’article du traité signé à Saint-Pétersbourg, le 29 janvier 1834, est ainsi conçu : « Par l’acte d’Andrinople, la Sublime-Porte s’est engagée à sanctionner les règlemens administratifs faits, pendant que les Russes occupaient la Moldavie et la Valachie, par les principaux habitans de ces deux provinces. La Sublime-Porte, ne trouvant rien dans les articles de cette constitution qui puisse attenter à ses droits de cour souveraine, consent à reconnaître ladite constitution ; et comme une indemnité est due, en toute justice, pour les avantages que le sultan accorde, par faveur, aux Valaques et aux Moldaves, il est convenu et arrêté que le tribut annuel que les deux provinces doivent lui payer d’après les traités, est fixé désormais à 3 millions de piastres (700,000 francs). »

Le général Kisselew réunit à Boukarest, en 1829, un comité chargé de préparer la nouvelle constitution qui devait régir les principautés. Ce comité était formé de deux sections, l’une valaque et l’autre moldave. Chaque section fit un travail séparé, qui fut ensuite envoyé à Saint-Pétersbourg. Là, le conseil d’état impérial, assisté de deux