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REVUE DES DEUX MONDES.

cher mes yeux, je veux être enfouie comme la taupe, endormie comme la chrysalide.

albertus.

Hélène, éloigne-toi de moi, accable-moi de ta haine, je suis l’auteur de tous tes maux… J’ai voulu ôter à la lyre…

hélène.

Ne parlez plus de lyre, la lyre est brisée. Je l’ai jetée au vent… Vous ne la reverrez plus… Hanz, mon frère, emmenez-moi… Cet endroit me donne le vertige du désespoir.

albertus.

Emmenez-la bien vite, mes enfans, je vous suis.


Scène II.

(Sur la place publique.)
GROUPE DE BOURGEOIS.
un bourgois.

La musique a cessé ! Vraiment c’est une chose merveilleuse, et de mémoire d’homme il ne s’est vu rien de pareil.

second bourgeois.

Qu’avez-vous donc à vous récrier ainsi, voisin ? Est-ce que le sucre a encore baissé ?

une vieille dame.

Un miracle, monsieur ! un miracle véritable !

second bourgeois.

Le café ne paie plus les droits ?

la dame.

Non, monsieur, l’archange de la cathédrale a joué de la trompette.

troisième bourgeois.

Quel archange ? quelle trompette ?

le premier bourgeois.

Parbleu ! compère, l’archange de cuivre qui est là-haut, là-haut, et qui souffle dans sa trompette depuis le temps du roi Dagobert sans en faire sortir le plus petit bruit. Eh bien ! tout à l’heure il a joué des airs charmans pendant plus de vingt minutes ; je l’ai entendu comme…