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REVUE DES DEUX MONDES.


ACTE QUATRIÈME.


LES CORDES D’ACIER.



Scène PREMIÈRE.

(Sur la grande tour de la cathédrale.)
ALBERTUS, HÉLÈNE.
albertus.

Arrêtons-nous sur cette terrasse, mon enfant ; cette rapide montée a dû épuiser tes forces.

hélène.

Non ; je veux monter plus haut, toujours plus haut.

albertus.

Tu ne peux monter sur la flèche de la cathédrale. L’escalier est dangereux, et l’air vif qui souffle ici est déjà assez excitant pour toi.

hélène.

Je veux monter, monter toujours, monter jusqu’à ce que je retrouve la lyre. Un méchant esprit l’a enlevée et l’a portée sur la pointe de la flèche. Il l’a déposée dans les bras de l’archange d’or qui brille au soleil. Mais j’irai la chercher, je ne crains rien. La lyre m’appelle.

(Elle veut s’élancer sur l’escalier de la flèche.)
albertus, la retenant.

Arrête, ma chère Hélène ! Ton délire t’abuse. La lyre n’a point été enlevée. C’est moi qui, pour t’empêcher d’en jouer, l’ai ôtée de dessous ton chevet. Mais reviens à la maison, et je te la rendrai.

hélène.

Non ! non ! vous me trompez. Vous vous entendez avec le juif Jonathas pour tourmenter la lyre et me donner la mort. Le juif l’a portée là-haut. J’irai la reprendre ; suivez-moi, si vous l’osez.

(Elle commence à gravir l’escalier.)