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sujet de thèse : La fièvre hectique considérée comme dépendante d’une lésion d’action des différens systèmes sans vice organique. Deux ans après, sur la recommandation de M. Desgenettes, il prit du service dans l’armée, et parcourut successivement, en qualité de médecin militaire, la Belgique, la Hollande, l’Autriche, l’Italie.

En 1808, il revint à Paris en congé, et publia son Histoire des phlegmasies chroniques. Il fit la campagne d’Espagne en qualité de médecin principal ; et jusqu’en 1815, malgré quelques mémoires de physiologie publiés par lui, l’activité du service militaire et la multiplicité des évènemens le tinrent en quelque sorte en réserve. — En 1815, M. Desgenettes, premier professeur du Val-de-Grace, fit nommer Broussais second professeur. Nous avons plus d’une fois entendu le médecin de l’armée d’Égypte se glorifier d’avoir pressenti le génie de Broussais, et d’avoir ouvert la carrière au médecin du Val-de-Grace ! Outre sa clinique du Val-de-Grace, Broussais institua, rue du Foin, des cours qui furent le prélude des célèbres cours de la rue des Grés. De bonne heure, l’affluence fut grande à ses leçons, tant à cause de la nouveauté des vues du professeur, que de l’originalité de son talent et de la manière audacieuse et violente dont il se posait en face de la Faculté. En 1810, il publia son volume de l’Examen des doctrines médicales, qui fut un coup de foudre, et qui est, sans contredit et sans comparaison, sa plus belle œuvre.

Broussais continua la guerre par ses leçons, par des éditions nouvelles de ses ouvrages, et par ses Annales, créées en 1822.

En 1828, le monde médical et philosophique retentit tout à coup d’une étonnante nouvelle. Le docteur Broussais, dans un livre intitulé de l’Irritation et de la folie, venait de reprendre la question des rapports du physique et du moral laissée par Cabanis, et de relever l’étendard du matérialisme depuis long-temps abattu. La verve insultante avec laquelle l’auteur traitait les chefs de l’école philosophique dominante fixa l’attention sur ce livre, qui, comme œuvre scientifique, était incapable de la fixer.

La révolution de 1830, usant du même droit que la restauration en 1823, réorganisa la Faculté de Médecine. Plusieurs professeurs, dépossédés en 1823, MM. Desgenettes, Déyeux, Leroux, reprirent leurs fonctions. En même temps, une chaire de pathologie et de thérapeutique générales fut créée, et Broussais désigné pour remplir cette chaire. L’enthousiasme fut bien loin d’être celui d’autrefois : le nouveau cours de pathologie et de thérapeutique générales