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REVUE DES DEUX MONDES.

le maestro.

Il pâlit ; sa blessure saigne horriblement. C’est un châtiment céleste.

le poète.

Il va mourir. La justice divine se montre enfin, et confond la rage de l’envieux.

le peintre.

Puisse la source de son sang impur être à jamais tarie et ne pas donner la vie à une nouvelle race de polypes !

le critique, avec fureur.

Détestables scélérats ! ceci est une trahison. Vous m’avez tendu ce piége pour vous délivrer de moi, votre juge et votre maître. Mais vous ne jouirez pas long-temps de votre triomphe. Avant de mourir, je briserai votre lyre, et nul après moi ne s’en servira.

(Il prend la lyre et veut la briser. — Hanz entre précipitamment,
et lui arrache la lyre.)
hanz.

Arrêtez ! vous êtes des hôtes de mauvaise foi, et vous mériteriez d’être chassés d’ici. Vous savez le prix inestimable que maître Albertus attache à cet instrument, et, non contens d’y toucher sans sa permission, vous voulez encore l’anéantir. Retirez-vous, misérables insensés, ou j’attirerai sur vous le ressentiment de maître Albertus et de toute son école. Tenez, les voilà tous qui viennent. Partez vite, ou je ne réponds de rien.

(Le critique, le maestro, le peintre et le poète se retirent.)
méphistophélès, à part.

Méchant écolier ! je te ferai payer cher ton beau zèle. Disparaissons, car la figure du juif Jonathas ne serait pas vue de bon œil par tous ces marauds d’étudians.

(Il s’envole par la fenêtre.)

Scène VIII.


HANZ, ALBERTUS, HÉLÈNE, CARL, WILHELM.
albertus.

Est-ce vous, Hanz, qui interrompez la leçon par ce charivari ?

hanz.

Dieu m’en garde ! mon tympan en est encore affecté.

carl.

Jamais, au mardi gras, je n’ai entendu de cornets plus grotesques.