Vous avez remué les doigts avec beaucoup de grace !
Est-ce que vous avez entendu un accompagnement ?
Monsieur s’est accompagné de beaux gestes, de poses très nobles et d’une expression de visage vraiment remarquable.
Monsieur, vous cherchez en vain à me rendre ridicule. Je ne suis pas musicien ; ma profession est plus relevée. Si j’ai tiré de cette lyre des sons harmonieux, tout l’honneur en revient à l’ouvrier habile qui l’a fabriquée.
Mais, mon ami, c’est vous qui voulez vous amuser à nos dépens ! Je vous donne ma parole d’honneur que vous n’avez tiré aucune espèce de son de cet instrument.
Je vous trouve plaisant, vous aussi ! Un maître de chapelle sourd ! Cela nous explique vos symphonies !
Ne contrariez pas monsieur : c’est un des plus beaux priviléges de la poésie de voir et d’entendre dans les ténèbres et dans le silence.
Quant à moi, j’ai été tellement ravi et absorbé par les vers de monsieur, que je n’ai pas bien saisi l’accompagnement.
Je ne vous demande pas d’éloges ; je tiens seulement à vous faire constater la beauté des sons que j’ai tirés de cette lyre. Tenez ! est-il rien de plus pur et de plus puissant que cet accord ?
Eh bien ?
Vous avez entendu quelque chose ?
Rien du tout.
Allons, vous êtes de mauvais plaisans ! Je suis bien fou de m’y