Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/800

Cette page a été validée par deux contributeurs.
796
REVUE DES DEUX MONDES.

promet de grands avantages aux compagnies qui voudront tenter la fortune et établir des chemins de fer sur les treize lignes qui doivent parcourir le royaume en tous sens. Tous les habitans, magnats ou roturiers, seront soumis aux péages ; les expropriations nécessaires seront faites sans distinction sur tous les terrains.

Une autre réforme utile doit être signalée. Les nobles contractaient fréquemment des emprunts, alléguant pour prétexte l’éclat de leurs noms qu’ils avaient à soutenir ; et si, comme leurs ancêtres, ils n’assommaient pas les créanciers assez hardis pour parler de leurs titres, du moins ils les payaient rarement. Le privilége de ne pouvoir jamais être arrêté, même pour dettes commerciales, dans un pays où la contrainte par corps est malheureusement de droit commun, portait atteinte au crédit. Cet abus a disparu ; l’article 18 autorise l’arrestation des nobles pour fait de lettres de change.

Les seconde et troisième propositions royales sont restées sans effet. La législation criminelle a conservé toute sa barbarie. La diète de 1839 fera sans doute disparaître les prescriptions indignes des législateurs modernes dont abonde ce monument d’un autre âge. De plus, les mêmes impôts grossiront toujours les caisses des comitats ; les Hongrois attachent trop d’importance au maintien de leur administration nationale pour la priver de son nerf principal.

Le parti philosophique, guidé par M. de Széchényi, a fait, malgré les répugnances de l’Autriche, adopter le hongrois pour langue officielle. L’article 4 garantit cette réforme qui est une excellente sauvegarde de la nationalité.

Tels sont les actes de la diète qui, après une session de plus de trois années, fut close le 2 mai 1836 par le roi Ferdinand V. Ils sont dus en partie à ces idées généreuses que, malgré ses excès, notre grande révolution a fait partout éclore.

Les nobles hongrois ont fondé un système fort sage d’émancipation progressive qu’ils compléteront sans doute à la diète de cette année. La révision des lois qui régissent l’agriculture et l’industrie, ces deux mamelles de tous les peuples, est la mesure la plus urgente ; le crédit public ne peut s’établir que sur une bonne législation.

Les journaux de Pesth sont censurés comme ceux de Vienne. La raison sur laquelle on s’appuie pour justifier cette mesure mérite d’être citée : c’est que, parmi les droits reconnus aux nobles hongrois par la Bulle d’or, il n’est nullement question de la liberté de la presse. La diète de 1832, a fourni au gouvernement autrichien l’occasion de rappeler aux Hongrois ce singulier aphorisme de politique. On a vu